D'où vient le nom de la rue la plus pittoresque du village ?

La vieille expression de la langue française « attendre sous l’orme » qui signifiait : Parler d'un rendez-vous où l'on n'a pas l'intention d'aller, d'une promesse sur laquelle il ne faut pas compter, a-t-elle pris son origine dans la rue de l’Oume (orme en langue régionale) à Saoû.

Naturellement, vous savez inévitablement que l'orme est un arbre de la famille des ulmacées, dont les fleurs sont fasciculées et dont le fruit se nomme akène. Et, cela ne fait aucun doute, que vous savez aussi qu'en France, les ormes ont été décimés par la graphiose, une espèce de champignon arrivé chez nous par la Hollande, d'où il tira son surnom de "maladie hollandaise de l'orme".

Autrefois, ces arbres robustes ornaient de nombreuses places de nos villages dont l’une des plus importante de Saoû. Ainsi, dans ces lieux, dès le Moyen Âge, il était fréquent qu'une forme de justice de proximité y soit rendue par des sommités locales ou "juges de village" qui mettaient en présence les diverses parties qui s'opposaient. De cette pratique coutumière, sont nées les désignations "juge sous l'orme" (chez Rabelais) ou "avocat sous l'orme" (dans la Farce de Maître Pathelin) pour désigner des magistrats et avocats ordinaires souvent médiocres.

Les individus qui rendaient ainsi la justice locale n'étant pas forcément très compétents en la matière. Individus qu'on se permettait de faire patienter parfois très longtemps compte tenu de l’opinion qu'on pouvait avoir d'elles. Une autre raison de l'image de l'attente interminable sous l'orme venait du fait que certaines des parties concernées ne se présentaient même pas. C’est ainsi, qu’au XVIIe siècle, l'expression peu employée de nos jour, d’« attendre sous l’orme » a été utilisée ironiquement pour proposer un rendez-vous auquel on n'avait aucune intention de se rendre.

Je ne vous attendrai pas sous l’Orme à Saoû après le déconfinement, je m’y rendrai cette été certainement ( Si le virus me le permet).

Prenez soin de vous.

Alain LANDY

Publié le 30 avril 2020