Les actus à découvrir dans le journal de la Vallée

                

Chronique d'une mort annoncée ?

La Vallée de la Drôme sans son journal centenaire. Impensable ? Et pourtant, ça pourrait bien arriver...

Chère lectrice, cher lecteur, si les choses ne changent pas, "Le Crestois" pourrait bien disparaître. Ce que certains considèrent comme un monument du territoire n’est pas éternel et dépend beaucoup de vous.

L'heure est grave. Pas encore critique mais il est tout de même temps d'expliquer à tous que, malheureusement, Le Crestois n'est pas éternel. Le journal, comme l'imprimerie, peut un jour disparaître et il sera alors trop tard pour régler le problème. L'heure est grave car nous sommes confrontés, depuis plusieurs mois, à de fréquents cas de figure qui nous font craindre le pire si personne ne prend conscience du phénomène.

Les temps sont durs pour beaucoup, nous sommes au plus près des gens et voyons bien que le territoire vit des jours difficiles. Nous aidons volontiers toutes les associations qui soutiennent les plus démunis sans demander quoi que ce soit en retour, c'est l'esprit même du journal tel que le voyait notre regretté Claude Bourde. Son époque a été l'âge d'or de la vallée et l'entreprise a énormément grandi. Elle a compté jusqu’à 20 employés en 2010. Nous ne sommes plus, à l’heure actuelle, que 12 personnes à travailler pour Le Crestois dans son ensemble.

Durant cette période faste, le journal pouvait annoncer tous les spectacles, repas, brocantes, marchés aux fleurs, festivals… sans même imaginer faire payer les bénévoles qui se décarcassent pour faire vivre la vallée. Nous savions, à ce moment-là, qu'à travers l'impression d'affiches, de flyers, l'achat du journal ou un abonnement, le retour était naturel, logique et tout le monde y trouvait son compte. Malheureusement, l'avènement d'internet a changé beaucoup de choses et longtemps, nous avons pensé que cet accord tacite allait être maintenu. La réalité est tout autre et les prix pratiqués par les imprimeurs du web ont fait tourner la tête de beaucoup de bureaux associatifs. Les règles du jeu ont changé et forcément, nous devons nous adapter car, si nous continuons à assumer la communication de l'ensemble des associations, intercommunalités, mairies et toutes les structures qui font régulièrement appel à nous, d'ici cinq ans, nous aurons disparu… Nous l'avons dit, l'heure est grave !

Pourquoi prendre la parole aujourd'hui ? Parce qu'il n'est pas trop tard et que si tous ceux qui tiennent à "leur Crestois" jouent le jeu, on devrait ajouter quelques années d'espérance de vie à cette entreprise unique en son genre. Nous prenons la parole, également, car nous devons, plusieurs fois par semaine, expliquer que nous ne sommes pas subventionnés par l'État, et que, pour le journal, les seules ressources sont les ventes et la publicité.

Mais ce discours ne suffit plus car la frontière entre information et communication est de plus en plus mince et beaucoup ne font plus la distinction. Or, si nous nous faisons un devoir de parler de tous et en toute occasion, cela ne peut pas se faire sans un certain retour. Pour prendre un exemple concret, il nous arrive très fréquemment de recevoir des coups de fil de personnes qui demandent si leur annonce d'événement est bien passée dans l'édition précédente… Il ne leur vient pas à l'esprit d'aller acheter le journal qui leur sert de support !

D'autres comportements involontairement dangereux impactent la vie du journal et de l'imprimerie. Par exemple, si vous êtes en train de lire cet article dans un café, sur la table d'un membre de votre famille qui est abonné, dans une médiathèque, etc., c'est parfait et nous vous en remercions. Mais si vous le faites chaque semaine, cela devient plus problématique et vous vous exposez à ce qu'un jour, ce sympathique moment disparaisse. Notre lectorat-acheteur, vieillissant, semble avoir du mal à se renouveler alors que le nombre de personnes qui nous lisent reste stable. Fatalement, il y a un couac…

En tout cas, il faut bien avoir une chose en tête, le Crestois ne pourra jamais exister autrement que sur papier dans sa forme actuelle. Impossible, avec les schémas économiques qu'impose internet, d'imaginer pouvoir devenir rentable en ligne comme peut l'être la version papier. Notre territoire est bien trop petit pour les chiffres que demandent Google et ses "amis" pour imaginer être rétribué de cette façon. Ensuite, et c'est bien compréhensible, vu la conjoncture économique, les annonceurs ne sont pas chauds pour se lancer dans une campagne sur internet dont on n'a aucune idée des retombées. L'heure est à la sécurité, pas aux essais démesurés. Nous développons notre site internet, beaucoup ont pu s'en apercevoir à travers les réseaux sociaux et la newsletter que nous éditons chaque semaine. C'est une ébauche, mais nous n'irons jamais beaucoup plus loin dans le cadre actuel des choses.

Alors que faire ? De notre côté, nous allons continuer de travailler avec sérieux et détermination. Nous essayons, chaque semaine, de fabriquer un journal de qualité, avec autant d'actualités que de récits de la vie de notre territoire. Une nouvelle maquette va voir le jour rapidement, et le site, malgré tout, va se doter de plus de contenu. Rencontrer, raconter, faire savoir et faire vivre tout le microcosme local dans son immense diversité est une passion depuis plus d'un siècle !

Ce journal est une chance pour la vallée car sans lui, elle serait encore un peu plus invisible aux yeux du monde extérieur. Nos confrères du Dauphiné Libéré ne peuvent consacrer qu'une page par jour au territoire, tandis que ceux de France3 ou France Bleu sont trop rares et ne peuvent relayer tous les événements comme Le Crestois arrive à le faire.

De votre côté, chers lecteurs, vous pouvez nous soutenir en achetant le journal, bien évidemment, mais aussi en incitant vos amis, enfants, petits-enfants, à le faire également. Imaginez, si chaque fois que vous leur dites : « je l'ai lu dans le Crestois », vous ajoutez, « d'ailleurs, tu devrais l'acheter ! », on arrivera à le faire durer encore un peu plus longtemps !

Il en va de même pour l'imprimerie. Poussez les portes de notre boutique, vous verrez tout ce qu'il s'y fabrique ! Une journée portes ouvertes se tient ce samedi 21 octobre dans nos locaux, nous serons ravis de vous faire découvrir notre univers, qui est aussi un peu le vôtre…

Pour toute l'équipe du Crestois, imprimerie et journal,
Pierre Brunet Rédacteur en chef

Article paru dans Le Crestois du 20 octobre 2017

crest sans tour
La vallée sans son journal, c'est comme la ville sans sa tour...

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