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Le Crestois mis en demeure par la CCVD

Finalement, Jean Serret, le Président de la CCVD, n’est pas muet et il n’a pas apprécié notre Une du 24 janvier.

Quand j’étais petit, et à la suite d’articles écrits par mon père, il m’arrivait de retrouver des douilles devant la maison. Enfant, je n’avais pas compris la signification de cet acte. Aujourd’hui, je comprends bien mieux. Il s’agissait de menacer les journalistes et de leur faire peur, pour essayer de les faire taire.

La semaine dernière, je n’ai pas trouvé de douilles devant la porte mais une mise en demeure de la CCVD envoyée en recommandé, rédigée par le cabinet d’avocats Champauzac de Montélimar (voir ci-dessous). Certes, une mise en de- meure n’a pas la saveur inimitable d’une poignée de douilles devant la maison mais cela reste une tentative d’intimidation.

Une intimidation qui ne sera pas tolérée.

Le 24 janvier, Martin Chouraqui, journaliste au Crestois, a écrit un article intitulé « Chasse dans les Ramières : Jean-Michel Faton sort de sa réserve ». Avec l’équipe du journal, nous avons décidé de faire notre Une sur ce sujet. Le titre : « Il était une fois dans la Réserve des Ramières » avec des photos des acteurs principaux (la sarcelle d’hiver, dans le rôle de la victime ; Jean-Michel Faton, dans le rôle de l’affranchi ; Roger Mathieu, dans le rôle du tenace ; et Jean Serret, dans le rôle du muet).

Vous savez, la vie n’est pas marrante tous les jours ; alors quand on peut rigoler (et vous faire rire par la même occasion), on en profite un peu. Toujours un peu taquin mais jamais méchant. J’ai d’ailleurs souvenir d’une première page sur Biovallée qui avait beaucoup fait rire Jean Serret, mais étrangement, la Une sur les Ramières, beaucoup moins. À croire que le président de la Communauté de Communes du Val de Drôme a un sens de l’humour à géométrie variable.

Mais que nous reproche la CCVD ? D’avoir écrit quelque chose de faux, d’inexact ou diffamatoire ? Non. Nous aurions reçu un droit de réponse à l’article, que nous aurions diffusé la semaine suivante et nous aurions eu le plaisir d’avoir enfin la version de Jean Serret sur cet épineux sujet. Ce n’est pas faute de l’avoir contacté à de multiples reprises, mais ce dernier n’a jamais souhaité s’exprimer.

La CCVD nous reproche d’avoir publié, sur notre site internet, le courriel de Jean-Michel Faton (qui a retrouvé « sa pleine liberté républicaine » suite à son départ à la retraite et donc la fin de son devoir de réserve lié à sa fonction de conservateur de la Réserve des Ramières) adressé au président de la communauté de communes ainsi qu’à ses anciens collègues et amis. Nous avons effectivement diffusé ce courriel sur notre site internet, en prenant soin au préalable de masquer les adresses mails mais en laissant le nom et le prénom de ces personnes.

Pour le cabinet d’avocat Champauzac, mandaté par la CCVD (et payé par les contribuables de l’intercommunalité), « la publication de ce courriel porte gravement atteinte à la protection des données personnelles de ces agents publics » et « il doit être retiré du site dans les 24 heures, sinon le Tribunal judiciaire compétent sera saisi en référé ». Rien que ça. Dans ce cas là, il faudra mettre aussi en demeure le site de la gare des Ramières qui diffuse nom, prénom, mail et numéro de téléphone des personnes concernées.

Notre but n’était pas de « porter gravement atteinte » à ces personnes mais d’informer le plus correctement possible les lecteurs du Crestois. Je ne crois d’ailleurs pas que la diffusion d’un nom et d’un prénom sur un site d’information soit une atteinte. Personne n’est dupe. Il s’agissait seulement de mettre un « coup de pression » sur Le Crestois et ses journalistes. Perdu. Ça me permet juste d’écrire un article sur ce sujet. D’être encore au bureau à 23h et de ne pas avoir vu mon petit et ma femme ce soir...

On peut ne pas être d’accord avec un article ou en vouloir au journaliste qui l’a écrit mais on ne menace pas un journal. Un journal est un bien commun, garant de notre liberté d’expression. Quand on ose menacer un journal ou un journaliste, c’est qu’on est devenu une menace pour la liberté d’expression.

Nous ne pouvons plus tolérer ces pratiques d’un autre temps. À l’avenir, un coup de téléphone ou un petit mail suffiront certainement à résoudre le problème... tout en préservant les finances de la CCVD...

Jean-baptiste Bourde

Article paru dans Le Crestois du 7 février 2020

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