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Qu'en est-il de l'hôpital de Crest ?

« Pour l'instant, la situation est sous contrôle. » Entretien avec Olivier Moulinet, directeur délégué de l'hôpital de Crest.

Le Crestois : Comment l'hôpital de Crest affronte-t-il l'épidémie de coronavirus ?

Olivier Moulinet : Je ne suis pas autorisé à vous communiquer le nombre de patients atteints, mais ce que je peux vous dire, c'est que le centre hospitalier de Crest a mis en œuvre le "Plan Blanc", c'est-à-dire que toutes les activités non urgentes, les interventions chirurgicales et les consultations, sont déprogrammées, sauf si un motif médical justifie de les maintenir. S'il n'y a pas d'urgence, elles sont reportées. Par ailleurs, en coordination avec les mairies dont sont originaires les professionnels de santé, et principalement Crest, nous avons mis en place un dispositif de garde d'enfants pour les personnels hospitaliers qui en ont besoin. Enfin, une cellule de crise se réunie trois fois par semaine au sein de l'hôpital pour faire le point sur la situation.

LC : Quelles sont les consignes pour les patients inquiets ou présentant des symptômes ?

OM : Dans ces cas, l'important est surtout de ne pas surcharger le centre 15 de façon inutile. On appelle le 15 uniquement quand on a des difficultés respiratoires prononcées. La fièvre en tant que telle, si elle est modérée et n'est pas accompagnée de difficulté à respirer, ne doit pas conduire à appeler le 15. Les personnes qui s'interrogent peuvent appeler le 0800.130.000, une permanence téléphonique administrée par la Direction générale de la santé, qui permet de répondre à toutes les questions, 7j/7 et 24h/24. L'important, c'est de ne pas saturer le centre 15, car le temps d'attente est déjà long, et peut dépasser plusieurs minutes. On constate que les appels sont en ce moment bien plus nombreux qu'habituellement, c'est d'ailleurs le cas dans tous les centres 15, qui sont surchargés.

LC : Le système hospitalier français est sous tension notamment par manque de personnel. L'hôpital de Crest est-il en mesure d'affronter la crise ?

OM : Pour l'instant, la situation à Crest est sous contrôle. Nous faisons actuellement un recensement des volontaires potentiels, pour le cas où nous serions en difficulté. Nous identifions les personnes qui pourraient venir aider, no- tamment parmi les élèves infirmiers et les anciens personnels de santé en retraite depuis moins de cinq ans. Mais il n'y a pas aujourd'hui, même si la situation évolue très rapidement, d'arrêts de travail massifs à l'hôpital de Crest.

LC : Les effectifs sont donc suffisants pour la gestion de la crise ?

OM : Encore une fois, à cette heure-ci, on arrive à y faire face, les services ne sont pas encore débordés, il y a quelques lits de libre. La situation sous tension n'est pas encore effective sur l'hôpital de Crest. Aujourd'hui, on se prépare, on réfléchit à comment on pourrait être en mesure d'accueillir d'avantage de patients si c'était nécessaire - et ce n'est pas impossible. Pour le moment, c'est sous contrôle, le niveau de stock est correct, et notamment de masque de protection. On a une dizaine de jours de consommation de stock devant nous en ce qui concerne ces masques.

LC : Si la France suit la trajectoire italienne, quel pourrait être l'impact à Crest ?

OM : À Crest, la question qui va se poser est celle de la prise en charge des patients en Ehpad (Établissement d'Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes, ndlr). Est-il ou non utile que les résidents soient envoyés dans les services d'urgence ? C'est une question à se poser. Car potentiellement, les Ehpad pourraient être touchés, et ça pourrait avoir un impact important à Crest sur les conditions de prises en charge. C'est pourquoi nous insistons très fortement sur l'interdiction formelle des visites. Nous avons été confrontés à des difficultés de familles qui sont venues en Ehpad voir leur proche malgré les avertissements, alors qu'ils peuvent être vecteurs de la maladie. Il faut respecter scrupuleusement les règles. Il faut le rappeler fortement pour répondre à la stratégie indiquée par le ministère, qui consiste à ralentir, reporter, et lisser cette vague annoncée pour qu'elle arrive le plus tard possible.

Propos recueillis par Martin Chouraqui

(Ndlr : entretien réalisé le mardi 17 mars, la situation a peut-être évolué depuis, nous vous proposerons un point actualisé dans notre prochaine édition).

Article paru dans Le Crestois du 20 mars 2020

Notre édition du 20 mars n'est pas en kiosque. Vous pouvez toutefois la consulter gratuitement et en intégralité en cliquant ici.
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