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Coronavirus : Le mari en réanimation, son épouse témoigne

Ils n'auraient pas imaginé vivre une période aussi dramatique.

 

Ce couple, que nous appellerons Alain et Danielle, et qui réside dans le bassin Crestois, n'aurait pas imaginé être confronté à une telle situation. Alain, septuagénaire, très dynamique, pratiquant régulièrement la rando et sans problème de santé, a contracté le coronavirus le 3 mars dernier.

Tout a commencé par une légère fatigue, des courbatures, une simple "grippette" pensait-il. Puis il a progressivement perdu la voix, l'obligeant à consulter. Un traitement au paracétamol à forte dose lui a alors été ordonné.

Le jeudi suivant, la situation d'Alain empirant, Danielle a alors contacté le 15 qui lui a prescrit de l'Ibuprofène, un anti-inflammatoire dont on saura plus tard qu'il ne pouvait qu'aggraver le mal. Le lendemain, de l'essoufflement, une toux sèche et surtout une forte fièvre (plus de 40), obligeait Danielle à conduire son mari aux urgences de Crest, lesquelles, après diverses analyses, transféraient Alain dans la nuit au CHU de Valence où la sanction tombait rapidement : Alain était infecté par le Covid-19. Le patient était placé dans le service de réanimation, plongé dans un coma artificiel et sous assistance respiratoire, son pronostic vital engagé.

C'était alors l'angoisse qui commençait pour son épouse et sa famille. Danielle était placée en confinement à domicile avec, pour consigne de contacter immédiatement le service en cas de symptômes épidémiques. Ce n'est que lundi dernier seulement, soit 12 jours après son hospitalisation, que l'état de santé d'Alain s'étant stabilisé, il a pu être sorti progressivement du coma. Hier (mardi 24) alors qu'il devait être "débranché" de son assistance respiratoire, la fièvre est revenue, obligeant les médecins à lui administrer des antibiotiques.

A ce jour (vendredi 27), Alain est toujours en réanimation mais a été extubé hier soir. Danielle qui n'en est pas pour autant rassurée, nous a confié son inquiétude, ses moments d'espoir puis de doute, selon les nouvelles qu'elle a chaque jour par le service hospitalier. "Je suis parfois dans le déni et je m'interroge pour l'après." En plus elle doit gérer sa propre vie de laquelle elle a éloigné par peur, ses enfants. "Je ne veux déranger personne, mais dans mon malheur, j'ai la chance d'habiter à la campagne où la nourriture ne manque pas trop" et poursuit: "Pour occuper mon esprit, je fabrique des masques qui doivent être récupérés par une dame d'Aouste pour les remettre aux EHPAD." A sa voix, on sent que Danielle vit un véritable enfer d'autant qu'elle ne peut pas voir son mari. "Au-delà de la maladie, j'ai peur qu'il se sente abandonné" et d'ajouter avec une émotion difficilement contenue "Je ne peux même pas lui tenir la main".

On sent que Danielle avait besoin de se confier, mais aussi de lancer un cri d'alarme et de colère. Presque tous les jours, elle voit passer près de chez elle des randonneurs bien souvent en petits groupes. "Ces gens-là sont vraiment inconscients. Ils ne se rendent pas compte de la gravité de la situation et du danger qu'ils représentent pour eux comme pour les autres. On ne pense pas que ce microbe peut vous tomber dessus. Moi-même, n'ayant pas été testée, je pense avoir aussi été infectée par le virus, certes de façon bénigne, mais contagieuse. Cette inconscience me révolte. Les gens qui ne sont pas confrontés à la maladie, n'imaginent pas que cette infection peut vous plonger, ainsi que vos proches, dans un tel désarroi avec, parfois, la mort au bout. A ceux qui se plaignent du confinement, je leur dis qu'il vaut mieux être confinés chez soi qu'en chambre de réanimation".

Au passage, Danielle souhaite souligner le travail formidable des soignants et les remercier pour ça; eux qui, malgré leur charge de travail, lui donnent deux fois par jour des nouvelles de son mari. Ce poignant témoignage, Danielle ne l'a pas voulu pour elle, mais pour tous les malades, les soignants, pour Alain; mais aussi pour alerter et essayer à sa manière, de faire bouger les mentalités de certains.

Nous souhaitons bien sûr, la meilleure issue possible de cette infection à Alain; et aussi à Danielle de retrouver un peu de sérénité. Mais il y a eu un avant et il y aura un après qui sera forcément différent.

René Bergier

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