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Témoignages de commerçants de la vallée #2

Comment les commerçants réagissent ou s'organisent face au confinement ? Deuxième partie : foodtruck, chocolatier et fleuriste.

Suite de notre série de témoignages sur la façon dont les commerçants de la vallée réagissent à la crise sanitaire. La première partie est à consulter ici.


Food Mon Terroir : "je dois vivre, manger, payer mon loyer"

Amandine Kuhn, gérante du camion ambulant (ou Food Truck) Food Mon Terroir, est spécialisée dans la vente de produits locaux, bios et cuisinés sur place. La crise actuelle a mis son activité sur pause.

« J'ai la gorge qui gratte un tout petit peu depuis une semaine. Donc par précaution je me suis «auto isolée» et le docteur m'a mise en arrêt pour 15 jours. Donc je ne peux pas travailler. Mais quand l'arrêt sera fini ? On a le droit de travailler dans la vente à emporter… Mais je trouve que ce n'est pas indispensable à la Nation et c'est un risque supplémentaire pour tous. Donc si je choisis, en mon âme et conscience, de ne pas aller travailler, aurais-je droit aux éventuelles aides de l'État ?

Parallèlement, je suis suivie par Initiative Vallée de la Drôme Diois (IVDD) qui m'a conseillée de garder le peu de trésorerie que j'ai. Heureusement ! Cette trésorerie me suffit à peine, en temps normal, à attendre le début de la belle saison. Donc, j’ai fait une demande de report de mon prêt bancaire.  Pour info j'ai 2 000 euros de trésorerie, un prêt bancaire de 360€, et des prêts perso, des charges, etc. Comme tout le monde ! Selon le Directeur de la banque, ma situation n'est pas assez alarmante pour décaler le prêt. Je lui ai rappelé qu'on ignore encore la durée de cette crise et que, accessoirement, je dois aussi vivre, manger, payer mon loyer, les cours de musique ou de sport (chèques donnés en avance...). En insistant lourdement je crois qu'il va accepter car il a l'obligation de le faire mais me suis sentie mal sur le coup ! Ce n'est pas si simple qu’on veut bien nous le dire !»

Le Crestois : Votre activité survivra-t-elle à cette crise ?

Amandine Kuhn : Et bien, à la sortie de cette période, la trésorerie sera à zéro... J'aurai sûrement utilisé une bonne partie de mes économies personnelles pour tout payer. Et les reports de prêt, ou d'impôts et cotisations diverses vont être rajoutés aux autres cet été. Même si j'arrive à faire une saison correcte de juin, j’imagine, au lieu d’avril, le temps que tout reparte, je doute que mon chiffre d’affaires suffise. En effet, d’habitude, j’ai besoin de toutes mes journées de travail pour pouvoir tout payer. Et il faudra, ensuite, passer l'hiver suivant. Comme je travaille seule, je ne pourrai pas doubler mon activité. Il faut bien se dire que dans cette activité, les places disponibles et autorisées par les municipalités sont recherchées et vite prises par d’autres, en voyant la vacance. J’ai dû arrêter au début de mon activité pour un problème sur le camion, il m’a été difficile de retrouver un espace et des places de vente. Cet épisode m’avait coûté plus de 5 000€ ! J’en arrive à regretter d’être à mon compte, aucune sécurité, pas de chômage, indemnité journalière sûrement minime, idem pour la retraite et beaucoup trop de charges ».


Façon Chocolat : "Sans Pâques, je vois mal comment tenir"

Astrid Roos-Hoffet, sa gérante, est très pessimiste et s’inquiète pour son commerce installé à Crest, rue Archinard

Le Crestois : Pourquoi avez-vous fermé votre commerce, dit "de bouche" ?

Astrid Roos-Hoffet : Le magasin Façon Chocolat est fermé depuis lundi 16 mars au matin, les salariés sont tous en chômage partiel. D'après la Confédération des Chocolatiers, je pourrais garder mon commerce ouvert, mais j'estime que ce serait irresponsable au regard de la situation sanitaire actuelle et il me semble indispensable de faire preuve de solidarité en ce moment. Pourtant cette fermeture met en péril l'avenir de ma société... Pour l'instant j'ai gardé comme seule activité les ventes en ligne, mais elles tournent tout de même au ralenti. Je suis sur place tous les matins pour préparer les commandes. Je propose aussi à mes clients locaux le retrait en magasin : ils commandent et paient en ligne, puis viennent chercher leur colis entre 10h et 12h tous les jours, je leur transmets la commande à l'extérieur du magasin, ainsi les contacts sont réduits au maximum. Bien sûr les commandes sont préparées avec toutes les précautions nécessaires.

LC : Votre commerce va-t-il survivre, quand on sait combien chaque journée de travail est essentiel à sa rentabilité ?

ARH : Cette crise arrive à un moment phare pour une chocolaterie : la préparation des chocolats de Pâques. Nos stocks sont actuellement au plus haut et si nous ne pouvons pas ouvrir pour Pâques, ce sera sans doute dramatique pour Façon Chocolat. La saison de Pâques, deuxième plus haute saison de l'année après Noël, nous fait vivre jusqu'au mois d'octobre, puisque l'activité est très ralentie en été. Sans Pâques, je vois mal comment tenir jusqu'à la rentrée prochaine...

  • Les aides promises par l'État ne me semblent pas très concrètes pour l'instant.
  • Le report des charges : Ce n'est pas cela qui va compenser la saison ratée de Pâques ! Payer ces charges maintenant ou dans six mois ne change pas grand-chose.
  • Le chômage partiel des salariés : J'entends dire que je vais devoir payer les charges salariales et 70% du salaire, avec un remboursement partiel de Pôle Emploi qui arrivera on ne sait quand. Ce n'est pas suffisant.
  • Le fond de solidarité : Rien n'est clair, ni banque, ni comptable, ni avocat ne peuvent me donner des informations précises et concordantes. Il semblerait que pour toucher l'aide il faille justifier d'une baisse de chiffre d'affaire de 70% entre mars 2019 et mars 2020, mais est-ce seulement entre ces deux mois ? Ou bien, une baisse sur l'année entière ? Personne ne peut me répondre. D'autre part, je lis que cette baisse ne sera accordée que si on n'a pas fermé le commerce. Où est la logique ? C'est bien parce qu'on ferme, qu'on perd son chiffre d'affaires et ses revenus ! »
LC : Votre commerce qui est saisonnier pourrait avoir des aides particulières ?

ARH : À la différence d'autres commerces, passé Pâques, une chocolaterie fonctionne au ralenti jusqu'en septembre, coronavirus ou pas. Pâques est donc indispensable à sa survie. J'espère vivement que les informations vont s'éclaircir et les promesses se concrétiser très vite. J'espère aussi que ces mesures annoncées concernant mars seront aussi valides pour avril car c'est en avril (Pâques est le 13 avril) que ma situation va devenir la plus problématique ».


Au Fleurissement l'Empereur : "Un peu de couleurs dans la tristesse"

empereur fleuristeÀ Suze, c’est la tristesse ; les fleurs et plantes qui devaient bientôt prendre place dans les jardins ne sont plus sur les marchés. Benoît Lempereur, fleuriste à son compte, a l’habitude d’installer son stand sur les foires et marchés pour proposer compositions et bouquets, plants et plantes d’intérieur et d’extérieur. Son activité est donc arrêtée.

Le Crestois : Comment faites-vous avec des produits périssables comme les fleurs?

Benoît Lempereur : Je ne m’en sors pas si mal, Je propose un service à domicile avec des commandes sur le réseau social Facebook. J’ai préparé la communication en urgence pour éviter de jeter. Je peux ainsi satisfaire mes clients habituels et d’autres arrivent. Sur le temps, je vais voir car ce n’est quand même pas à la hauteur du chiffre habituel .

LC : Avez-vous pensé à l’après confinement et à la survie de votre entreprise ?

BL : Je suis seul dans mon entreprise et en période plus active, j’ai recours à des personnes en intérim. Mais en perdant les marchés et les foires du printemps, je perds 80% de mon chiffre d’affaires. C’est pourquoi, je remercie les gens qui jouent le jeu et, les fleurs, en cette période, ça met un peu de couleurs dans la tristesse !

Pour retrouver 'Au fleurissement de Lempereur', il suffit aller sur la page Facebook du même nom. Vous y trouverez les plants de jardins, plantes d’extérieur à massifs, vivaces, les légumes…

Propos recueillis pas Corinne Lodier


Publié le 30 mars 2020

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