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La mission des éducateurs de rue continue

Avec le confinement, la mission des éducateurs de la Sauvegarde de l'Enfance continue mais sous une nouvelle forme.

La 1ère semaine, l’objectif a été de trouver ses marques. De retour de voyage, Géraldine, sa collègue s’est imposée une quatorzaine. Alexis a pris les choses en mains. Au cours de ses tours en ville, en voiture, en évitant le plus possible d’en descendre, Alexis a bien trouvé cinq ou six jeunes les trois premiers jours, mais ils ont vite pris conscience de la situation, à la grande surprise d’Alexis, «bien mieux que certains adultes».

Alexis a donné beaucoup d’informations et a rappelé les consignes, en restant lui-même éloigné des jeunes protégé avec masque, gants et gel hydroalcoolique donnés par la pharmacie du Pont. D’ailleurs l’éducateur pense que les jeunes qui le voyaient ainsi équipé ont pris vraiment plus conscience de la situation. L’effet de cette démarche a été bénéfique.

L’équipe s’est ensuite mise au télétravail avec plusieurs objectifs dont un essentiel : rester en contact avec les jeunes avec tous les outils mis à disposition et échanges avec les jeunes et leurs parents, par des réseaux différents et adaptés à chacun.

Ainsi, c’est à une vraie montée en puissance sur les espaces numériques que l’on assiste. Depuis 2013, l'équipe bénéficie pour ce travail de rue « 3.0 » d'un profil Facebook assez connu, mais aujourd'hui déserté par les moins de 16 ans. Ce profil Facebook permet de communiquer auprès, et avec, les jeunes majeurs, les parents, les partenaires, les habitants et les collectivités locales. Pour rester en lien avec les plus jeunes, pré-ados et ados, les éducs ont ouvert un profil Instagram. C'était un projet en cours, mais la crise a accéléré les choses. Il se pourrait qu’ils aillent aussi sur Snapchat (un compte existe), Tic-Toc, etc...

Pour rappel, depuis quelques années, l'équipe de prévention spécialisée est membre du dispositif des «Promeneurs Du Net» de la Drôme (porté par la CAF et la fédération des centres sociaux). Ce dispositif vise à soutenir et encadrer la présence de professionnels formés et référencés dans les espaces numériques pour conduire une action de prévention éducative sur la toile : «On ne surveille pas, on veille, on est là, disponibles !» Les éducateurs laissent les portables ouverts et maintiennent leur présence sur les réseaux sociaux pendant le week-end.

Il ne faut pas baisser les bras et la deuxième semaine a été plus difficile : Géraldine toujours en isolement, et Alexis engagé dans ses responsabilités de papa. Il n’y a donc pas de sorties dans la rue. Géraldine travaille beaucoup au téléphone avec les jeunes et les partenaires quand c'est nécessaire. Alexis continue d'alimenter le profil Facebook et de développer le profil Instagram. Il participe également à la visioconférence des promeneurs du net. Des échanges avec les autres équipes de prévention s'organisent afin de voir comment chacun fait dans son coin, et permettre l'échange des pratiques, forcément innovantes dans ce contexte.

Des messages sont envoyés, aux jeunes qui les inquiètent le plus. Textos, Messenger ou Instagram. Des entretiens téléphoniques sont conduits avec les plus fragiles. Cela concerne une vingtaine de jeunes.

L’inquiétude monte durant la troisième semaine.

Une nouvelle visioconférence rassemble les promeneurs du net, le profil Instagram de l'équipe présente désormais 115 jeunes abonnés. Des messages sont échangés de plus en plus souvent par messagerie instantanée. L'équipe commence à trouver son rythme sur ce réseau. Sur Facebook, on s'active aussi. Un post Facebook, avec photos et logos, réexplique les missions et rappelle la disponibilité. Il rencontre une large audience. Ce post figure sur le profil des éducs de rue, ainsi que sur les groupes Facebook de la vallée : «Nous invitons un grand nombre de nos contacts sur le groupe Crest Solid'R»

Les liens restent importants mais de plus en plus de parents sont en tension.

Dans le même temps, il faut penser à «demain», des jeunes ont pu être accompagnés dans la finalisation de leur inscription sur Parcoursup (logiciel de l’Éducation Nationale qui organise l'orientation post-bac des jeunes et le lien avec l'établissement scolaire). Toutefois, la situation de deux jeunes en fugue occupe l'équipe, en lien étroit avec les dispositifs de protection de l'enfance de la sauvegarde26. La situation a pu se stabiliser un peu pour l'un d'entre eux, mais reste très fragile. Le second jeune reste dans une situation très préoccupante.

L’inquiétude continue de monter avec le temps.

Certaines familles vont être de plus en plus sous tension. Accompagner un adolescent n'est déjà pas simple en période ordinaire, mais en confinement, cela peut s'avérer explosif. Les jeunes ont besoin d'évoluer dans des espaces qui leurs sont propres, choses rendues impossibles, ou du moins insuffisantes, par le confinement. Alexis note cette inquiétude : «Quels espaces restent-ils aux jeunes, ainsi qu'à leurs parents, pour souffler ? Les réseaux sociaux et le «gaming» peuvent-ils permettre cette respiration nécessaire ? Pas sûr...»

La troisième semaine met certains jeunes, et/ou parents face à une pénurie de produits psycho-actif. Un sevrage brutal et non choisi n'est pas souhaitable dans la période. Outre les mouvements d'humeur, on peut craindre des épisodes dépressifs sérieux.


Alexis Coutin, éducateur de rue de la Sauvegarde 26, dresse un point depuis le début du confinement. Il est assez fier des jeunes, qui sont très respectueux.

Le Crestois : Et l’école dans tout ça ?

Alexis Coutin : Certains jeunes sont en train de complètement décrocher au niveau scolaire. Par manque de sens, par manque de ressources personnelles et/ou familiales, d'accès aux outils numériques... Il risque d'y avoir de la casse. Nos jeunes, qui étaient sans solutions, voient les perspectives s'amoindrir encore. Pour autant, le dispositif Garantie Jeune de la Mission Locale tente de s'organiser pour maintenir une activité, et la crise offre également quelques opportunités de petits boulots (certaines chaînes de production sont également impactées par l’absentéisme et des recrutements s’opèrent). Il est un peu tôt pour savoir si des embauches sont possibles pour ces jeunes qui ne sont pas toujours directement employables (trop jeunes, peu mobiles, déficit de compétences psycho-sociales...) Globalement, nous avons de fortes inquiétudes sur la santé mentale de certains jeunes et de certaines familles. Nous craignions également que, le confinement durant, de plus en plus de jeunes sortent pour souffler, se rencontrer ou se ravitailler en produits...

La pharmacie du pont, ainsi qu'une habitante de la vallée, offrent quelques masques. Ils permettront d'intervenir si besoin dans le travail de rue, ou les entretiens (à bonne distance) si cela s'avérait nécessaire. Les éducs les remercient. Avec les médias locaux, Le Crestois et Radio Saint Ferréol, la sauvegarde communique régulièrement ; cette présence est importante, comme le lien avec tous les partenaires.

Le Crestois : Un éducateur de rue, à quoi ça sert ?

Alexis Coutin : C'est un éducateur qui accompagne un jeune de 11 à 21 ans, pour avancer dans ses projets et résoudre les difficultés auxquelles il doit faire face dans sa vie personnelle, familiale, scolaire, recherche d'emploi, formation, logement, santé... Notre équipe cherche à apporter une écoute, sans jugement, et à proposer une aide que chacun est libre d'accepter ou de refuser. La libre adhésion, le respect de la confidentialité et de l'anonymat constituent les principes de base de notre engagement et de nos interventions.

Nous sommes deux professionnels, Géraldine et Alexis, qui intervenons sur les communes de Crest, Aouste, Mirabel, Piègros et Saillans. Membre du dispositif " Promeneurs du net", nous sommes régulièrement connectés sur Facebook (Educ De Rue Crest-Aouste ), et désormais sur Instagram ( https://www.instagram.com/educderuecrest/ )

Géraldine : 06 83 46 59 52

Alexis : 06 37 33 94 13

Publié le 7 avril 2020

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