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Nous devons un coq à Esculape…

"Transitions", la tribune de Vincent Meyer du 4 mai 2020.

Socrate, condamné à mort pour avoir, soi-disant, perverti la jeunesse, juste avant son dernier soupir, murmura à Criton : « Nous devons un coq à Esculape. Payez cette dette». Cette ultime expression de sa loyauté et de son honnêteté foncière est celle d’un homme qui, par ailleurs, parlait vrai et ne craignait pas de dire sa pensée, ses critiques, son opposition. Il évoquait souvent son « daimon » qu’il décrivait comme « une voix qui ne se fait entendre que lorsqu’elle veut me détourner de ce que j’ai résolu ». Curieusement, c’est aussi ce que certaines traditions spirituelles disent des esprits invisibles qui nous accompagnent ou des anges gardiens qui veillent sur nous. Rarement une intervention directe, mais des suggestions subliminales qui parfois vont nous pousser à une décision inattendue, à une démarche improbable, à un renoncement surprenant et salutaire. La petite voix…

Comme elle pourrait être utile dans cette période d’incertitude et de doute ! Où chacun cherche le chemin de la sortie et la société, toute entière, la voie du redéploiement. La communication par la messagerie et par Whatsapp sature notre capacité d’absorption. L’information foisonnante et diffuse véhicule autant de « fake news », de thèses complotistes, de rumeurs douteuses, de mélanges du vrai et du faux …que de faits et de nouvelles fiables. Il y a 60 ans, la télévision faisait tout pour rassurer quitte à mentir, car elle était dans les mains du gouvernement qui voulait éviter l’affolement. En 2020, la télévision, sous la pression de la publicité qui la fait vivre, affole quitte à mentir, exagérer, dissimuler, manipuler… pour capter du temps de cerveau disponible. Alors comment faire le tri et surtout rechercher l’information qui manque ?

Car dans le puzzle d’une information complète, il me faut souvent aller chercher les pièces manquantes, qui peuvent être sous la table, dans le fond de la boîte, et même dans la poche d’un média indélicat. Par exemple tenez, j’ai découvert que l’armée vient de recevoir, pour son usage exclusif, un stock de Chloroquine en provenance de Chine ! Que l’ARS d’Ile de France a recommandé de «prendre en compte» l’âge des patients atteints du Covid 19 avant de décider de les accepter ou non en réanimation, ce qui a amené à refuser de nombreux patients de plus de 70 ans ! Que Bill Gates a maintenant la main sur l’OMS et anime le projet ID2020 qui vise à associer une vaccination obligatoire à la généralisation de la biométrie numérique par implantation systématique d’une puce électronique ! Que l’avion émet 45 fois plus de CO2 par kilomètre et par voyageur que le TGV ! Que le ministère de l’agriculture a suspendu l’application de l’arrêté du 27 décembre sur les pesticides, lesquels peuvent donc être épandus à 3 mètres des fenêtres des riverains confinés ! Que l'UE a choisi, comme conseiller sur l'environnement, la société BlackRock, gestionnaire d'actifs incluant plus grandes compagnies pétrolières et les plus grandes banques du monde ! Que le gouvernement a autorisé, par ordonnance, les opérateurs impliqués dans l’implantation de la 5G, à se passer de l’avis de l’Agence Nationale des Fréquences et à s’abstenir d’informer les maires !

Replacés dans le puzzle, ces informations font tâche et me font voir une image bien différente du discours officiel. Dans ce bal masqué, on utilise la crise comme excuse pour se débarrasser des réglementations environnementales. On instille l’idée que pour avoir une économie qui fonctionne, il faudrait relâcher la contrainte environnementale… et que la protection de l’environnement serait un ennemi de l’économie. Jusqu'à ces dernières semaines, cette pandémie pouvait être considérée comme un effondrement partiel. Une sorte d'avertissement ou de répétition avant le véritable effondrement. Nous disposons, encore à ce jour, du pétrole, des transports (et donc de l'alimentation), de l'électricité et des réseaux. La crise économique et financière (et forcément sociale) sans précédent qui est devant nous risque fort de remettre en cause ces éléments. La pandémie pourrait être la première phase de l'effondrement global. Je crois qu’il n'y aura pas de retour à la normale. Nous avons devant nous une période difficile et douloureuse mais qui pourrait être une opportunité salutaire...

« Le microbe n’est rien, c’est le terrain qui fait tout » disait Claude Bernard. Le terrain c’est notre corps, mais aussi notre environnement, notre mode de vie, notre activité. Pour l’heure, les terriens se terrent et abandonnent du terrain au microbe. Bonjour les dégâts. L’ampleur économique et sociale de la crise virale est une conséquence du monde bâtard que nous avons bâti. Un colosse aux pieds d’argile. Pour Yves Cochet, « l’économie est un moteur qui transforme les ressources en déchets ». J’aspire à une économie respectueuse des équilibres naturels et du vivant. Nous devons changer de modèle. Juste un exemple : quand la conditionnalité écologique des aides accordées par l’État aux entreprises n’est qu’une vague promesse sans objectifs concrets et quantitatifs chiffrés, …nous perdons du terrain. Reprendre la main, c’est aussi rejeter fermement les tentatives de contrôle numérique ou biométrique généralisé. La réalité de 2020 ne doit pas dépasser la fiction du « 1984 » d’Orwell…

Nos mécanismes archaïques de survie ont fait leurs preuves depuis des millénaires : affronter, fuir ou se cacher. Dans le déni et l’ignorance, nous avons « fui » nos responsabilités face à la dégradation de notre environnement. Nous nous sommes « cachés » dans l’espoir que le danger s’éloignerait spontanément de notre grotte… Raté. Le danger est plus prégnant que jamais et une peur diffuse l’accompagne désormais. Il nous reste enfin à « affronter ». Affronter la réalité, faire face au risque d’effondrement, nous organiser solidairement pour reprendre notre avenir en main. Energie, eau, alimentation, transport, déchets, tout est à reprendre tout en veillant à préserver la confiance, la sécurité et l’équité. Développer l’entraide au lieu de la compétition, c’est la base d’une démarche politique salutaire. Politique au sens étymologique de science des affaires de la Cité. Cela suppose de cultiver ardemment discernement et conscience. Car, comme le disait Socrate : « pour prétendre gouverner la cité, il faut apprendre à se gouverner soi-même »…

Vincent Meyer

Publié le 4 mai 2020

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