Les actus à découvrir dans le journal de la Vallée

                

Le coq et le loup (1/2)

Bernard Foray-Roux s’attarde sur l’opposition entre "bobos" et "ruraux", à ses yeux factice...

Pierre a un coq nommé Jojo. Paul est le voisin de Pierre, c’est un retraité parisien. Paul se plaint du chant de Jojo. Le village se divise aussitôt en deux.

Les pro-Jojo courent manifester devant la mairie avec des pancartes : « Si t’aimes pas la nature, retourne chez toi ! ». Les anti-Jojo l’accusent, dans l’hebdomadaire local, d’être un VGM (volatile génétiquement modifié) car il chante à 3 heures du matin.

Le conflit prend de l’ampleur et chaque habitant est sommé de choisir son camp sinon... c’est qu’il est avec ceux d’en face. Saisi, le tribunal administratif de Grenoble met son jugement en délibéré quand... un loup affamé croque Jojo dans son jardin. Mais, paradoxe ! Paul, citadin à qui le loup fait peur, demande aussitôt l’éradication des loups et les anti-loups pétitionnent dans l’hebdomadaire local tandis que Pierre, amoureux des bêtes, regrette certes son Jojo, mais défend la biodiversité et file avec les pro-loups devant la mairie avec des pancartes : « La nature, tu la respectes ou tu la quittes ! ».

LE CURÉ ET L’INSTIT

Non, ce n’est pas qu’une fable moderne, c’est presque devenu le quotidien de nos campagnes et vous avez tous un exemple analogue près de chez vous. Que ce soit pour les coqs, les loups, les sangliers, les cloches, les pesticides, le fumier, les panneaux solaires, les ronds-points, la GPA, le mariage pour tous ou les masques, les cohortes de pros et d’antis pullulent dans nos villages et les parvis des mairies, comme les colonnes des journaux, ne désemplissent plus.

Certes, depuis le savoureux roman Clochemerle de Gabriel Chevalier (où tout un village se déchirait en deux camps, pour ou contre l’installation d’une « pissotière » en face de l’église), on trouverait cela plutôt amusant et folklorique. Sauf qu’en ce siècle de montée des communautarismes et d’épanouissement des racismes en tout genre, ces affrontements ont vite des relents nauséabonds d’intolérance et d’exclusion et utilisent des vocabulaires et des rhétoriques qui font parfois frissonner.

Cette situation se produit parce que nous sommes à la jonction de deux phénomènes de société...

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Article publié dans Le Crestois du 20 août 2021

Illustration : Le rat de ville et le rat des champs, dessin de Gustave Doré (1867)

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