Edmond Estour poursuit sa collection de guides

Son dernier ouvrage "Crest, ma ville" est d'une érudition bien enlevée.

Lorsque, le mardi matin, Edmond Estour s'installe à la terrasse du Café de Paris pour retrouver sa bande d'amis, le serveur glisse d'autorité un café devant lui. Forcément : il connaît les habitudes de chacun, ce qui lui épargne de prendre la commande.

Tous ces grands- pères aux cheveux blancs se retrouvent rituellement là pour échanger leurs petits bouts de souvenirs et l'on rêverait d'être cachés derrière eux et de voler un morceau de la conversation. Car ils constituent, à eux tous, une fraction de la mémoire locale où l'on voit passer, au gré des échanges, des figures disparues de ces familles qui ont fait Crest : les Breyton, les Fayolle, les Bruyat, les Barral, les Bovet, les Rey et, donc, les Estour.

En vérité, ce n'est pas que de Crest qu'il faudrait parler car, pour s'en tenir aux Estour, il faut aussi évoquer Piégros La Clastre ou Saillans où, il y a des siècles, se retrouvèrent de lointains ancêtres venus des Cévennes. Par chance, Edmond Estour, à présent qu'il a abandonné la chirurgie très spécialisée dont il fut un des pionniers à Valence (la coelio-chirurgie), court la région pour en immortaliser en photo, avec son téléphone mobile, les lieux les plus remarquables. Rentré chez lui à Beaumont- lès-Valence, lorsque les travaux du jardinage lui en laissent le temps, il se met à des aquarelles inspirées de ces photos.

Nous avions signalé, à l'automne, la parution de "Belles demeures, promenades autour de Crest" qui a immédiatement trouvé son public et qui fut, en quelque sorte, le début d'une série. Car voilà que, sur le même principe de courts livres largement illustrés de ces aquarelles, Edmond Estour nous propose "Crest, ma ville".

La lecture en est très commode puisqu'on peut passer d'un lieu intéressant à un autre selon l'itinéraire que l'on est en train de parcourir et lire, à chaque fois, les pages très synthétiques mais complètes que l'auteur nous propose. Même si l'on y trouvera, évidemment, le savoir académique qu'il convient de posséder, on y trouve aussi de savoureuses anecdotes tirées, sans doute, des connaissances de cette famille, ancrée depuis long- temps dans le terroir. Le lecteur repère cependant une forte documentation et, de fait, parlant d'un livre à venir qui concernera, lui, Saillans, Edmond Estour dit, écartant largement les bras : « j'en ai une pile comme cela ».

Un des intérêts que les vieux Crestois trouveront particulièrement à "Crest, ma ville" est la présence de développements consacrés, à la faveur de descriptions de vieilles demeures, à ces familles bourgeoises qui ont été les piliers de l'histoire de la localité. Et, pour y parvenir, il faut avoir soi-même, du fait de connaissances familiales, le souvenir de ceux qui furent dans le textile, dans le négoce ou dans la banque.

En somme, ce qui était un amusement pour Edmond Estour, taquinant les toiles de son pinceau, est en train de devenir une petite collection. Déjà, lors de notre conversation à la terrasse du Café de Paris, notre auteur lançait de nouvelles pistes : « Ah, il faudra que je complète ceci et que j'ajoute celà ». Bref, Edmond Estour n'est pas au bout de ses peines.

J.M

Article paru dans Le Crestois du 6 juillet 2018

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