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De l’usage de la propriété

Tribune du 12 juin 2020 de Serge Leprince.

Si se loger correctement est vital, satisfaire ce besoin est difficile car la crise du logement est générale dans la France entière et le territoire n'y échappe pas du tout.

Quel paradoxe! Les logements inoccupés sont partout autour de nous, encombrant villes et villages et étonnamment, malgré leurs volumes, ils passeraient presque inaperçus. En tout cas, cette situation devrait être considérée, a minima, aberrante. Eh bien non, pas du tout, elle est totalement banalisée .

SUR LE CHAPITRE DES MAISONS INOCCUPÉES

Que de volets clos, de maisons vides! Une déambulation attentive dans Crest, les villages, la campagne permet de se rendre compte de l'importance de l'ampleur du phénomène. On pourrait distinguer trois types de logements vides, correspondant à trois histoires différentes mais aux conséquences également négatives.

1- Des maisons vides depuis parfois plusieurs générations.

C’est le cas de maisons qui restent figées dans l’indivision depuis des années ou qui n'appartiennent qu'à un seul propriétaire. Parfois des travaux seront entrepris. On se prend à penser que la belle endormie va revivre mais non, il ne s'agissait que de travaux indispensables, voire urgents (par exemple la réfection de la toiture) mais ceux-ci achevés, la maison replonge dans le sommeil.

Il y a aussi de volumineuses jachères de bâtiments plus ou moins délabrés au coeur de villages ainsi que de Crest. L'abandon est-il le statut normal du foncier construit? Quel sens a une maison constamment vide? Serait-ce un lieu voué aux anciens qui y habitèrent ? En quelque sorte un lieu de culte funéraire qui se perpétuerait. La fonction d'une habitation n'est-elle pas d'héberger des vivants ?

Dans la campagne, le tableau est complété par d'autres situations.

2- De-ci, de-là, sont disséminées de grosses bâtisses que leurs propriétaires vouent à des gîtes saisonniers et autres chambres d’hôtes. En dehors de la saison touristique (l'été), les propriétaires mettent en location précaire avec invitation à quitter les lieux en juin, avec souvent un loyer qui ne tient pas compte de cette précarité (cf Le Bon Coin) .

3– On trouve aussi des maisons de familles. Celles-ci, qui peuvent être vastes et comporter plusieurs logements indépendants, ne sont alors ouvertes qu'aux vacances d'été, parfois au printemps. La plus grande partie de l'année la demeure va rester inoccupée. Dans ces deux cas, un des appartements pourrait être en location à l'année sans contradiction avec le projet de rencontre familiale (lequel au fil du temps peut faire un flop) ou de gîtes.

L'immobilisme est un acte social négatif qu'expriment fortement toutes ces maisons vides, fermées. Elles marquent insidieusement le paysage mental de chacun, comme une routine. La vie sociale ne s'arrête pas en limite de propriété.

Serge Leprince

Tribune publiée dans Le Crestois du 12 juin 2020

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