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Les trois passoires

Transitions, la chronique de Vincent Meyer du 20 novembre 2020, à propos (entre autres) du documentaire "Hold-up".

George Orwell le clamait déjà il y a quelques décennies : « En ces temps d’imposture universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire ». Mais qu’est-ce que la vérité ? Il est loin le temps où nous aurions pu répondre à Ponce Pilate qu’il n’avait pas à aller très loin pour la trouver. D’ailleurs, il savait bien que Jésus était innocent.

Aujourd’hui la difficulté n’est pas le manque mais, au contraire, la pléthore d’informations. Dans ce fatras d’articles, d’émissions, d’interviews, de vidéos, de tweets, de sms, d’e-mails, comment démêler le vrai du faux ? La quantité nuit à la qualité et brouille le discernement. D’autant plus que l’utilisation massive et anonyme des données que nous produisons nous rabat, sans que nous en ayons conscience, les éléments propres à nous conforter dans nos préjugés. Les messages sont souvent contradictoires. Sommes-nous assez avertis pour trancher avec justesse et pertinence ? Est-il nécessaire d’avoir un avis sur tout ?

Mais il y a désormais comme une pression sociale pour que chacun ait, sur toute chose, un point de vue arrêté. Le silence est devenu suspect. Le bruit de fond est rassurant mais il couvre la vérité. Alors que nous sommes perdus mais n’osons pas l’avouer, la tentation est grande d’accorder notre confiance au message qui fait résonner l’émotion en nous. Comme si la charge émotive était une preuve d’authenticité! Un discours alarmiste alimente la crainte diffuse que nous ressentons dans ce contexte devenu menaçant et confus. L’évocation de plus grands risques, l’hypothèse d’une manipulation secrète et maléfique, la diffusion de fake news viennent conforter, et comme valider, la peur déjà bien ancrée. La résonance induite se substitue, de manière insidieuse, aux prétentions de la raison à la lucidité.

C’est ainsi que le documentaire « Hold Up » de Pierre Barnerias, qui fait le buzz depuis quelques jours, fonctionne. Il fait des ravages dans les esprits déjà suffisamment secoués et désorientés par une crise qui n’en finit pas....

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Chronique publiée dans Le Crestois du 20 novembre 2020

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