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Au bout du chemin

Chronique de Vincent Meyer du 2 avril 2021.

J’ai tourné la poignée avec précaution. Je me suis avancé doucement dans la pénombre de la chambre. Je me suis approché du lit. Il était là, la tête dépassant de la couverture. Immobile, silencieux, sans vie. Sauf les yeux. Il me regardait intensément et il me voyait. Vraiment. J’étais à la fois ému, peiné de le savoir si mal en point et heureux de le retrouver. C’est l’hôpital qui m’avait appelé : « Votre ami François est très malade, il vous réclame ».

Je me demandais depuis quelque temps ce qu’était devenu le père François. Je l’avais rencontré dans les montagnes de Saint-Nazaire-le-Désert, puis à la chapelle Saint-Médard (cf. mon livre Chroniques d’un effondrement annoncé, pages 72 et 127) et, plus tard, il m’avait rejoint dans mon chêne pour un échange troublant de profondeur et de mysticisme (cf. ma chronique du 2 octobre 2020).

Nous avions passé des heures dans la cabane de l’arbre à parler à coeur ouvert… Après avoir définitivement quitté son ermitage sauvage, ruiné par un incendie de forêt, il disait vouloir commencer une vie d’errance missionnaire. Accompagné de Lupus, son loup apprivoisé, il avait confiance. Il serait accueilli, nourri, logé au fil de ses rencontres.

« LE ROYAUME DE DIEU EST AU DEDANS DE VOUS »

Je m’approche de François. C’est bizarre de le voir là sans sa robe de bure. Il a encore maigri et il est très pâle. Je lui souris. C’est lui qui parle le premier. Sa voix est faible, blanche, et s’écoule comme en hésitant, lentement. Un filet d’eau qui va se tarir. Il me remercie d’être venu. Je lui demande ce qui s’est passé. Il me raconte son immersion dans le monde, ses tribulations au milieu d’une humanité masquée, sa difficulté à se faire accueillir, la solitude honteuse en pleine ville, les nuits froides au bord de la Drôme, et le corps qui proteste....

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Tribune publiée dans Le Crestois du 2 avril 2021

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