Le centre équestre a 50 bouches à nourrir
Le centre équestre de Crest a vécu l’annonce du président Macron d’un prolongement de quatre semaines du confinement comme un couperet.
Le centre équestre de Crest rencontre de sérieuses difficultés à continuer de fonctionner. En plus du confinement et de l’arrêt des activités qui apportent des finances, la sécheresse s’installe et l’herbe n’est pas plus verte ici qu’ailleurs. Alors, le club crestois a lancé une cagnotte en ligne sur Leetchi "Aidons les chevaux du centre équestre de Crest". Il leur faut trouver 10 000€ pour tenir jusqu’à fin mai, et juste pour payer les charges qui s’élèvent à plus de 6 000€ par mois. Les livraisons effectuées en début d’année, payables aujourd’hui, ne peuvent pas être honorées en totalité, et « si je ne paie pas, je ne vais pas être livré pour les prochaines », précise Sandrine Jullien, co-gérante du centre équestre.
Les sept chevaux en pension rapportent 2 000€ mais cette somme ne suffit pas à faire tourner le centre. Plus de cours, plus de stage pendant les vacances de Pâques et pas de concours de sauts d’obstacle qui a lieu aux beaux jours. En quelques mots, les activités annexes qui permettent de tourner sereinement sont annulées. Nicolas Jullien et sa famille sont très inquiets. Avec le stock d’aliment, ils tiendront une dizaine de jours, avec le foin, un mois, grâce à des dons de clients qui en apportent gracieusement, et l’espoir que le peu d’herbe aux champs permettra de faire le lien.
Heureusement, dans cette situation, un lien de solidarité permet de trouver des champs pour les animaux. Au 15 avril, le plus gros du troupeau pait dans des champs généreusement mis à disposition par des propriétaires de prairies. Ceux-là sont tranquilles une quinzaine de jours, après quinze jours précédemment passés dans un espace laissé par la famille Loyal sur l’ancien dépôt du supermarché. Finalement, restent onze chevaux plus jeunes ou moins faciles à mettre au pré, qui restent au centre.
L’équipe confinée au centre s’occupe des animaux. Il faut faire des clôtures régulièrement pour les changements de prés, laver et soigner les chevaux, les monter et les faire travailler. Les propriétaires ne peuvent plus venir et la pension doit se dérouler le mieux possible.
Cette situation risque de devenir très critique car les gérants ont bien compris qu’ils faisaient partie des structures qui ne pourraient pas ouvrir avant mi-juillet, dans le meilleur des cas. Ils ont fait la demande des 1 500€ alloués par l’Etat, mais n’ont pas de réponse et leur dossier stagne à l’état de "dossier à traiter". Ils sont sceptiques, car leur confrère installé à Allex, a touché 95€ ! C’est un maximum et la somme dépend de l’activité.
Du côté des collectivités, la CCCPS a mis à disposition le terrain de foot annexe pendant quatre jours car l’herbe n’était pas assez nourrissante. Nicolas, Sandrine et Axelle ont installé la clôture, installé l’électrification qui a été débranchée par des gentils promeneurs ! « Heureusement, aucun animal ne s’est échappé, car il y a eu de nombreuses personnes qui sont venues voir les chevaux, il y aurait pu y avoir un accident » se désole la gérante.
Le maire, Hervé Mariton a appelé le centre pour faire un point de la situation le 15 avril. Devant cette situation exceptionnelle, bien indépendante de la qualité de l’accueil au centre et du soin incontestable qu’apporte la famille Jullien à ses animaux, il a transmis un message au ministre de l’agriculture, Didier Guillaume. Le maire lui demande les décisions prises en faveur des centres équestres, un domaine qui n’a pas été mentionné dans les mesures étatiques. En parallèle, il est prêt à mettre à disposition des terrains appartenant à la commune, adaptés pour pallier ce passage compliqué.
Corinne Lodier
Publié le 16 avril 2020