L’après 11 mai, à Piégros la Clastre
Gilles Magnon, maire actuel et réélu pour la prochaine mandature, envisage le déconfinement en attendant des lignes de conduites précises de la part du gouvernement. Même s’il va s’agir « d’un numéro d’équilibriste ».
Le Crestois : Comment voyez-vous la réouverture des écoles ?
Gilles Magnon : La question de la réouverture des écoles est un vrai sujet. Apparemment, le 1er ministre doit nous apporter des directives ce mardi. Liée très directement à l’ouverture des écoles, se pose la question de l’ouverture des restaurants scolaires, des garderies périscolaires, des transports avec la Région dans le cadre de notre RPI Mirabel-Piégros. Aujourd’hui, il me semble très compliqué, voire impossible, de recevoir tous les enfants en même temps. Par ½ groupe, à la journée ou la semaine, ce serait bien. Sinon, il ne faut pas se voiler la face, les règles sanitaires, de distanciation entre enfants, entre enfants et professeurs, entre parents et professeurs, ne seront pas respectées. Comment faire autrement que par ½ groupe ? Pour le restaurant scolaire, par ½ groupe, et même si nous devons y travailler encore, la solution semblerait possible.
Quant aux transports, nous n’avons actuellement pas de directives ou d’informations de la part de La Région. Nul doute que les dirigeants ou techniciens de la Région y travaillent.
LC : Allez-vous ouvrir les services municipaux et postaux ?
GM : Au niveau des services de la mairie ou de l’Agence Postale Communale, il semble que la réouverture puisse se faire à partir du 11 mai. Bien évidemment, les protections devront être mises en place, telles que les écrans en plexiglass, masques, gels, les zones de distanciation et une désinfection régulière. Au niveau du personnel administratif, rien n’est encore défini, mais une reprise complète semble possible, et …. nécessaire.
LC : Avez-vous pu réunir les élus actuels et les nouveaux, en préparation de la mise en place d’un conseil municipal ?
GM : Pour faire suite aux élections du 15 mars dernier, en tant que maire actuel, je n’ai pas pu encore réunir les nouveaux élus, afin de procéder à « l’installation du conseil municipal ». Aujourd’hui, le travail se fait d’une manière élargie avec les élus 2014-2020 (qui sont toujours élus) et les nouveaux 2020-2026 (qui le sont, mais pas encore en activité et qui piaffent d’impatience). Cela a toutefois pour intérêt de faire participer un plus grand nombre de personnes.
Le travail se réalise beaucoup par l’intermédiaire de téléphones, de mails, mais aussi par les visioconférences que nous utilisons assez fréquemment. Bon, en bref, nous y arrivons, mais il est urgent que le nouveau conseil municipal soit en place et travaille. C’est le souhait de tous.
LC : Y-a-t-il eu un lien de solidarité au village ?
GM : Pour le côté positif, il semblait que les liens entre habitants méritaient d’être renforcés. Dans de telles situations, comme nous avons pu le vivre lors des inondations dans le village en 2002, il s’avère qu’une réelle solidarité existe et que chacun essaie de résoudre les difficultés liées à cette période. C’est pourquoi, s’appuyant sur le travail des élus et des services de la mairie, une vraie entraide s’est faite, avec par exemple, les courses, la pharmacie… ou le transport des poubelles aux différents points d’apport volontaire. Et dernièrement, la confection de masques tissus par des bénévoles, à destination des habitants.
Pour les courses et les besoins en nourriture, le Mimi marché (gestion associative qui se déroule le vendredi soir), connaît une grosse montée en charge avec pas moins de 90 à 95 paniers distribués (contre 25 à 30 habituellement). Rappelons que les marchandises sont toutes issues de producteurs locaux que ce soit, le pain, les légumes, la viande, les œufs… Là aussi, des Clastrois et Clastroises se mobilisent pour préparer et mettre en place ce marché.
LC : Le monde économique est bouleversé. Comment voyez-vous l'avenir ?
GM : Les craintes sont bien réelles sur les difficultés que va connaître le monde économique. Que ce soient les entreprises, les artisans ou les acteurs du tourisme. Il est vraiment urgent que l’activité reprenne.
Pour le tourisme, il existe de vraies incertitudes, notamment sur les vacances d’été, les réservations et tout simplement sur l’activité touristique de notre commune et de notre vallée de La Drôme.
LC : Les associations n’ont pas pu faire leurs animations pour assurer leur budget de fonctionnement, comment leur avenir est-il envisagé ?
GM : Le monde associatif est lui aussi malmené. Combien de manifestations annulées, reportées et jusqu’à quand ? Comment vont survivre certaines associations qui assurent un rôle social auprès des jeunes, des seniors et des habitants, sans la moindre rentrée d’argent ? Il y a encore beaucoup d’incertitudes pour les manifestations de 2020.
La vraie difficulté aujourd’hui, est liée aux contraintes du confinement, où il est difficile de se rencontrer, d’échanger, de construire ensemble. Il y a aussi la psychose qui s’est installée, çà et là, rendant les personnes réticentes à sortir.
Propos recueillis par Corinne Lodier
Publié le 27 avril 2020