Comment vit-on quand un pilier de la famille meurt ? Comment on se construit, comment on survit pour tendre vers la vie ? Dans un style à la fois poétique et simple, où l’humour ne manque pas, le récit se développe à travers différents points de vue : la petite fille, Zizi cabane, ses frères, son père. Et la mère, celle qui a disparu, Odile, continue d’envahir le quotidien et l’espace familial. Elle devient eau qui suinte des murs, se fait ruisseau sur le terrain, menace la maison, murmure aux oreilles de son aimé, veille sur ses enfants qui grandissent, complices de l’eau et du paysage qu’ils habitent.

La nature est aussi un personnage de premier plan de ce roman. Car on sait parfaitement que l’être disparu est en fait partout autour de nous, mais ce savoir est inconscient.

Une splendeur. Un livre à répertorier, si l’on tient aux classements, dans le courant du réalisme magique, qui connaît un fort regain actuellement, notamment chez les écrivaines. Pour résumer, le monde n’est pas seulement ce qui se voit, se sent ou s’entend, il est tissé de liens bien plus subtils qui, si l’on y porte attention, démultiplient notre expérience de vie.

Bérangère Cournut, auteure française, est profondément inspirée par ses rencontres avec les cultures amérindiennes lors de divers séjours dans l’Ouest américain et au Canada. Elle a commencé sa voie d’écriture par le conte puis les romans et livres de jeunesse. Elle publie depuis 2017 chez le Tripode, une excellente maison, tant par son choix éditorial audacieux que par la qualité technique de ses ouvrages.

Franswaz Rochette

ZIZI CABANE
Roman de Bérangère Cournut
Éditions le Tripode poche

Article publié dans Le Crestois du 3 mai 2024