Elisabeth Revol, de retour de l’enfer
La Saoûnienne, grâce à son incroyable volonté, a échappé à une mort certaine lors d’une expédition dans l’Himalaya.
L’aventure a mal tourné... et l’affaire a fait grand bruit. La Saoûnienne Élisabeth Revol, alpiniste chevronnée aux multiples ascensions, a bien failli rester sur les hauteurs de l’Himalaya, il y a une semaine. « Au revoir le Pakistan, je reviendrai y grimper des montagnes mais pas le Nanga Parbat » disait-elle au moment de regagner la France, mardi.
Ce Nanga Parbat, sommet surnommé la montagne tueuse, a en effet coûté la vie à son compagnon de cordée, le Polonais Tomek Mackiewicz, et il a fallu bien des miracles pour que la professeur d’éducation physique de Saint-Louis puisse revenir en France. Partis à l’assaut d’un des plus hauts sommets du monde, les deux experts ont tenté l’ascension en hiver avec le minimum de confort et sans oxygène artificiel. À la recherche de toujours plus de sensations et de records, les professionnels repoussent encore un peu plus les limites à chaque tentative.
Tout se passait bien et les deux amis réussirent leur pari, accédant en haut du Nanga Parbat (8126m) plus rapidement que n’importe qui jusque-là. C’est à la descente que tout s’est compliqué. Rapidement, Tomek rencontre des troubles de la vue liés à une ophtalmie et très vite, son état de santé s’agrave. Élisabeth abandonne alors une partie du matériel pour pouvoir transporter son camarade et informe les secours une fois arrivée à 7450m. Il est alors 19h, le 25 janvier. Elle parvient à le faire descendre jusqu’à 7300m mais se trouve bloquée par une pente trop abrupte. Elle réfugie Tomek dans une cavité et poursuit sa descente.
En parallèle les secours s’organisent, mais non sans mal. Les autorités pakistanaises ne bougeront pas tant que le financement des hélicoptères n’est pas assuré. On perd alors 24h en négociations diplomatiques et en recherches de fonds, qui seront levés en quelques heures grâce à internet. Pendant ce temps-là, Élisabeth poursuit sa descente sans vivre et sans la possibilité de se reposer car, là-haut, « s’arrêter, c’est mourir ».
Samedi matin, un appareil de l’armée locale monte en direction d’un camp de base sur lequel quatre des meilleurs alpinistes tentent, eux-aussi, une ascension record, mais sur un sommet différent. Ils ont accepté de risquer le sauvetage et sont emmenés sur les lieux. Malheureusement, l’hélicoptère n’est pas assez puissant pour atteindre directement la Drômoise, et encore moins le Polonais. Ils sont déposés à 6100m et deux d’entre eux partent à la rencontre d’Élisabeth, tandis que les deux autres établissent un camp de fortune, au cas ou il faille s’installer durablement si la météo devenait capricieuse, comme annoncé.
En un temps record et de nuit, ils parviennent à récupérer la jeune femme, lui donner de quoi boire et manger avant de redescendre à hauteur du camp. Elle sera ensuite transportée par hélicoptère jusqu’à Islamabad où elle recevra les premiers soins avant d’être rapatriée à Genève, mardi. Pour Tomek, malheureusement, rien ne sera possible.
Toute la presse s’est emparée de cette histoire et, durant la semaine, le feuilleton a été décliné sous toutes ses formes par les télés, radios et journaux. Les Saoûniens, très secoués par ce qui s’est passé, ont suivi de près toute cette histoire et étaient particulièrement soulagés de voir que leur héroïque voisine s’en est à nouveau sortie. Ils lui réserveront, sans aucun doute, un accueil des plus amical à son retour.
Pierre Brunet
Article paru dans Le Crestois du 2 février 2018
photo : Elisabeth, lors d'une ascension précédente