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Hervé Mariton et “le plafond de verre”

Les 6% obtenus dans la compétition à la présidence de l'UMP le laissent à la marge.

Il ne faut pas pinailler. Lorsqu'au début d'une compétition les sondages vous attribuent un score de 1 à 2% et que, finalement, vous passez la barre des 6%, c'est mieux. Hervé Mariton a fait cela dans la compétition pour la présidence de l'UMP. Il peut y trouver une satisfaction. Il a affirmé au soir des résultats avoir “donné le tempo” de cette campagne, par allusion notamment aux fameux meetings du groupe “Sens Commun” opposé au mariage pour tous où tous les concurrents ont dû se situer.
Certes, mais le paradoxe est total. Si en effet, M. Mariton a pu marteler que “ce qu'une loi a fait, une autre peut le défaire”, c'est très probablement là aussi que M. Sarkozy, bafouilleur et incertain, a perdu des voix qui ont conduit à son résultat très moyen pour un ancien président. Et c'est surtout, là, que M. Le Maire, courageux et gonflé, est venu dire devant une salle hostile qu'il n'était pas pour l'abrogation de cette loi. Ce faisant, il a donné de lui une image forte qui lui vaut, sans doute, son beau résultat de 29% . Pour un personnage très peu connu, c'est bien.
Peu avant le résultat final, pour lequel M. Mariton escomptait autour de 10% des voix, il avait utilisé une formule assez juste, estimant avoir réussi à “briser le plafond de verre” qui, jusque là, le cantonnait à une position très marginale. Hélas, les résultats démentent cette affirmation. 6%, ça n'est tout de même que 6%.
Car le paradoxe est grand. Les opposants au mariage pour tous ont réussi des mobilisations de rue considérables, des heures de débats parlementaires: autant d'occasions de se faire connaître. Mais, curieusement, à l'instant de se donner un porte-parole politique en vue, ceux qui, au sein de l'UMP, pouvaient penser ainsi ne l'ont guère fait. Ou insuffisamment. À moins plus simplement que les opposants à cette forme de mariage soient ailleurs sur l'échiquier politique, peut-être dans une droite plus radicale.
Du reste, l'empressement avec lequel les grandes figures de l'UMP (Mme. Kosciusko-Morizet, M. Juppé, etc) se sont opposés à l'idée d'abrogation de la loi Taubira dit assez qu'ils ne voient vraiment pas là un sujet majeur. Les incertitudes de M. Sarkozy s'expliquent de même. Les sondages disant l'état de l'opinion à cet égard n'y encouragent pas.

Donc la question désormais est : que pourra faire M. Mariton de ses 6% de voix ? Pourra-t-il vraiment peser ?

Jacques Mouriquand

Article paru dans Le Crestois du 5 décembre 2014.
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