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Le Yémen raconté par un Saoûnien

Lors des récents attentats, le nom de ce pays est souvent revenu. Mounir Arbach y a longtemps vécu.

Les attentats de ces dernières semaines ont mis en avant le rôle du Yemen comme territoire attirant des jeunes gens qui vont s’y entraîner et comme moteur d’un certain terrorisme. Le Saoûnien Mounir Arbach, Syrien d’orgine et chercheur au CNRS, grand spécialiste d’épigraphie (la lecture des inscriptions anciennes) y a vécu sept ans pour ses travaux. Il nous raconte.

Le Crestois.- Comment comprenez-vous le fait que tant de jeunes impliqués dans les attentats de Paris soient passés par le Yemen ?

Mounir Arbach.- Le Yemen est un état inconsistant où l’ancien président Ali Abdallah Saleh, depuis destitué, a toujours joué un double jeu vis-à-vis de l’Occident. Il en prenait l’argent pour les programmes d’aide, mais une bonne partie se retrouvait dans ses poches ou dans celles de son entourage. Et, tout en jurant qu’il combattait le terrorisme, il s’appuyait, dans les faits, sur Al Qaida.

Le Crestois.- Mais Saleh a été chassé du pouvoir!

Mounir Arbach.- Oh il reste dans l’ombre et il continue de s’appuyer sur Al Qaida.

Le Crestois.- Comment est-ce possible ?

Mounir Arbach.- Il faut bien voir que, pendant longtemps, les Yéménites du Nord qui sont des chiites connus sous le nom de Zaïdites ont vécu sous une domination féodale, tandis qu’au sud, vous aviez une république qui fut un temps marxiste. Le Sud ne s’est jamais intéressé au Nord après la fin de la partition. L’argent et les prébendes étaient entre les mains des gens du sud. De temps à autres, les gens du nord faisaient exploser un pipe-line ou coupaient l’électricité. On leur envoyait des voitures ou de l’argent et les choses rentraient temporairement dans l’ordre. Mais tout ceci donne la mesure du désordre qui régnait. Il ne faut jamais oublier que le chauffeur et les gardes du corps de Ben Laden étaient Yéménites. Ce désordre dans lequel l’Occident n’a pas voulu intervenir a profité à des tas de petits groupes. Il y a aussi dans le sud des groupes indépendantistes qu’ Al Qaida a infiltrés. Tout cela crée un terreau très favorable à ce que des jeunes aillent là bas pour s’entraîner et se radicaliser.

Le Crestois.- Mais alors que faire? L’Occident, la France en particulier, doit désormais réfléchir sur sa politique étrangère au Proche-Orient, en déployant tous les moyens diplomatiques qu’elle possède pour mettre fin à une guerre qui ravage la Syrie depuis presque quatre ans et qui risque d’embraser tous les pays du Proche- Orient, dont les étincelles commencent à arriver en France.

La suite de cet entretien est à lire dans Le Crestois du 23 janvier 2015

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