Poignante rencontre au collège Revesz-Long
Quand M. Salomon, un rescapé des camps de concentration, rencontre des collégiens.
Lorsque pendant le cours d’histoire, le jeune Louis entend parler des camps de concentration. Il lève paisiblement la main et explique à ses camarades, que son grandpère, M. Salomon, a vécu l’enfer dont on est en train de parler. De fil en aiguille, sa professeur, Mme Floirat, questionne l’élève et apprend qu’il se rend souvent dans les établissements scolaires pour évoquer son histoire, dans la région du Doubs. Une rencontre est alors organisée avec le passeur de mémoire et les élèves de 3ème du collège Revesz-Long.
Un moment inévitablement sensible puisque le survivant, arrêté pour acte de Résistance, a raconté la vie dans les trois camps dans lesquels il a été interné. Successivement, il a ainsi connu Struthof, le seul sur le territoire français, puis Niederhagen et enfin Dachau, les Nazis déplaçant les prisonniers en fonction de l’avancée des Alliés. Ce récit a énormément touché les élèves, et c’est un faible mot. Les jeunes, et particulièrement les filles, avaient beaucoup de mal à contenir leurs larmes lorsque, des sanglots dans la voix, M. Salomon abordait le sort réservé aux femmes. Celui qui a été interné de 1943 à 1945, libéré à 20 ans, en a conservé les souvenirs mais aussi la casquette qui faisait partie de l’uniforme. Un objet qu’il avait déposé sur la table et qu’il touchait, comme pour se ramener un peu plus dans l’horreur, avant de la rejeter plus loin au moment de se reconcentrer sur le présent.
Porteur d’un message fort, M. Salomon a ensuite longuement discuté avec les jeunes, venus s’approcher de cet inconnu qu’ils ont soudainement admiré : «Merci de vous être battu pour que nous puissions vivre libres» lui glissait l’une, fortement émue. «Vous nous donnez envie de nous battre pour notre liberté» clamait une autre, n’oubliant pas qu’ils avaient été «Charlie» quelques jours auparavant. Marqués par ce témoignage, les élèves vont peut-être, dans les jours à venir, se lancer dans l’organisation d’un voyage dans un des camps, pour approcher d’encore plus près ces heures sombres de l’Histoire.
Article paru dans Le Crestois du 13 février 2015