Lettre à mon père, Claude Bourde
Cela fait dix ans que l'ancien patron du Crestois nous a quitté. Son fils lui écrit.
S’il y a un anniversaire qu’on ne voudrait pas fêter, c’est bien celui-là. À l’heure où j’écris ces lignes, cela fait dix ans que tu es parti.
Jamais je n’oublierai ce matin du vendredi 27 novembre 2009 et cette petite chambre de l’hôpital de Crest. Cette petite chambre où nous t’avons accompagné pendant trois jours, suspendus à chacune de tes respirations, jusqu’à la dernière.
Depuis dix ans, je reste seul à la barre de l’entreprise et je me demande bien ce que tu aurais fait à ma place. La crise économique qui avait démarré avant ton départ, s’est durablement installée. L’entreprise a souffert mais je me bats tous les jours, avec l’aide de l’équipe, pour sortir la tête de l’eau.
À l’imprimerie, il y a dix ans, tu te plaignais, déjà, des prix cassés et des délais de plus en plus courts... rien n’a changé, c’est même bien pire. Internet ne nous a pas épargnés.
Le journal continue son petit bout de chemin et fêtera ses 120 ans dans six mois. Tu aurais certainement trouvé le climat actuel passionnant. Essayant d’analyser avec tes mots, le bouillonnement d’un monde en profonde mutation. Tes articles nous auraient certainement aidé à y voir plus clair... Malheureusement, on devra s’en passer et continuer notre chemin, en gardant une partie de toi dans nos coeurs et nos têtes.
Merci pour tout papa.
Jean-baptiste Bourde
Article paru dans Le Crestois du 29 novembre 2019