Profitons de cette parenthèse dans nos vies pour, enfin, se poser les vraies questions.

Comment imprimer un journal en temps de crise ? Je me suis toujours demandé comment avaient fait mes aïeux pendant les deux guerres. Aujourd’hui, j’ai ma réponse : comme ils ont pu. Et effectivement, nous n’avons pas pu imprimer ce journal.

Une panne de dernière minute sur notre presse offset, une pièce livrée en retard et une intervention technique risquant de ne pas respecter "une distanciation sociale" de rigeur par les temps qui courent m’ont conduit à suspendre l’impression papier et à basculer l’intégralité du contenu du journal sur notre site internet. De toute manière, ce n’était qu’une question de temps. La chaîne logistique dont dépend l’imprimerie et le manque cruel de contenu dans les pages du journal, dû au confinement, m’auraient conduit à prendre cette décision dans les jours qui viennent.

Avec la crise sanitaire que nous subissons, la machine complexe qu’est devenu notre monde moderne est en train de s’arrêter et personne ne sait comment cette machine pourra être redémarrée. Durant les deux guerres, même si elles étaient mondiales, l’économie Américaine est demeurée “quasiment” intacte et a permis le redémarrage de l’Europe, sur plusieurs années. Aujourd’hui, c’est l’Humanité qui est touchée, globalement, simultanément. En quelques semaines, la Nature et ses soldats microscopiques ont mis hors-jeu l’espèce Humaine.

Nous pensions être des dieux, nous voilà confinés au fond de nos terriers...

Quand la machine Monde repartira, car oui, nous allons nous en sortir, notre espèce étant pleine de ressources quand elle se retrouve dos au mur, il sera temps de se poser les bonnes questions et de choisir ce que l’on décide de rallumer ou d’éteindre à jamais.

Jean-baptiste BOURDE
Rédacteur en chef du journal Le Crestois

« Ne nous laissons pas impressionner, agissons avec force, mais retenons cela : le jour d’après, quand nous aurons gagné, ce ne sera pas un retour aux jours d’avant. »
Emmanuel Macron, Lundi 16 mars 2020

Article paru dans Le Crestois du 20 mars 2020