Olivier Moulinet : « une tendance légère à la décrue »
Après trois semaines de confinement, le directeur de l'hôpital de Crest constate une stabilisation, voire, une décrue, du nombre de patients admis pour Covid-19. Entretien.
Le Crestois : Quelle est la situation ce lundi au Centre hospitalier de Crest ?
Olivier Moulinet : La tendance est un petit peu plus favorable, et l'on observe, comme au niveau national, une stabilité de l'activité. En milieu de semaine dernière, on a eu à Crest un secteur Covid plein (il dispose de 14 lits, ndlr). Et il l'était un petit peu moins ce week-end. On dispose donc aujourd'hui d'un certain nombre de places vacantes à l'échelle de l'hôpital, et on a un peu de marge pour accepter de nouveaux patients. Quoiqu'il en soit, moins de patients nous sont adressés, et l'activité des urgences demeure faible. Enfin, le nombre d'arrêt de travail des professionnels de santé est stable et nous n'avons pas de nouveau cas.
LC : Le fameux "pic" serait-il déjà passé ?
OM : On va dire que nous sommes sur un plateau. On ne sait pas dans quel sens cela va aller maintenant, et ce serait prématuré de le dire. Nous sommes sur une tendance légère à la décrue. Mais il serait imprudent de parler de décrue à proprement parler, car il faut que la tendance s'observe au moins pendant une semaine. Pour l'instant, nous faisons ce constat de stabilité et de petite décélération depuis la fin de semaine dernière.
LC : Les échanges de patients entre Valence et Crest se poursuivent-ils ?
OM : Oui, ça se poursuit. Nous avons toujours pour mission de venir en soutien direct au service de pneumologie-infectiologie de l'hôpital de Valence, pour assurer la prise en charge des patients. Dès que les patients hospitalisés à Valence ne nécessitent pas une surveillance rapprochée, et que toutes les investigations techniques ont été effectuées chez nous, alors, ils peuvent venir à Crest, en fonction de la place disponible. Ça a notamment été le cas pour plusieurs patients la semaine dernière.
LC : Comment préparez-vous les jours à venir ?
OM : On observera dans quinze jours la conséquence des comportements d'aujourd'hui... C'est pourquoi il est nécessaire de marteler toutes les consignes de confinement et de respect des gestes barrières, même si ça peut paraître parfois un peu lourdingue. Du respect de ces dispositions dépendra une évolution favorable de l'épidémie. Il faut comprendre qu'il y a un délai de latence d'environ quinze jours, temps d'incubation maximum du Covid-19. Sur la réanimation, le temps de latence est plutôt de trois semaines, avant que des symptômes respiratoires graves ne surviennent. Or, on peut aujourd'hui observer une stabilité sur la réanimation après trois semaines de confinement. On peut bien sûr se satisfaire que, pour l'instant, la situation se stabilise, car les dispositions ont bien été respectées depuis les quinze derniers jours. Mais vu le nombre de patients encore en réanimation à ce jour, il est nécessaire de poursuivre sur la même voie... Surtout dans les Ehpad, où nous ne sommes pas à l'abri.
LC : Quelle est la situation dans les Ehpad crestois ?
OM : À ce stade, il n'y a pas de situation problématique particulière, et on n'a pas de cas avéré. Mais cela ne vaut que pour aujourd'hui. Et je sais qu'il y a des Ehpad, pas très loin d'ici, où la situation est bien plus compliquée. N'oublions pas que quand un Ehpad est touché, il ne l'est pas qu'à moitié...
LC : Quelle est la situation à l'hôpital de Valence ?
OM : La situation est un peu plus stable, ça se détend également. On est aussi sur un plateau, mais avec des services dédiés qui sont pleins. La situation reste contenue.
LC : Vous avez reçu de nombreux dons, notamment en matériel médical. Cela vous a-t-il été utile ?
OM : Sur les masques, nous sommes nettement moins en tension qu'on ne l'a été un temps donné, car nous avons reçu des livraisons de l'État, via l'Agence régionale de santé. Quant aux dons en matériel médical et en masques, ils vont évidemment nous servir. Par ailleurs, on a récemment reçu des dons alimentaires de la Confédération paysanne qui ont été très appréciés des personnels (plus d'infos ici).
Propos recueillis par Martin Chouraqui
Publié le 6 avril 2020