Olivier Moulinet : « Nous sommes stables depuis une semaine »
Le directeur de l'hôpital de Crest constate une « baisse tendancielle et régulière » du nombre de patients atteints du Covid-19 pris en charge dans son établissement. Entretien.
Le Crestois : La tendance à la décrue que vous observiez la semaine dernière se confirme-t-elle ?
Olivier Moulinet : Oui effectivement. Nous sommes sur une tendance en plateau. Il n'y a pas de baisse massive, mais il y a une baisse tendancielle et régulière. On garde quand même une dizaine de patients hospitalisés dans le "secteur covid", mais avec des perspectives de sortie. Au niveau des urgences, il y a moins de sollicitations pour des motifs covid. C'est conforme à la tendance qui s'observe au niveau national. On envisagera, si cette tendance se confirme, de réajuster notre organisation.
LC : Depuis quand observez-vous cette décrue ?
OM : Nous sommes stables depuis une semaine. Il n'y a pas plus de patients qui entrent à l'hôpital que de patients qui en sortent. La tendance est à la baisse, mais ce n'est pas une baisse marquée.
LC : Comment évolue la situation au centre hospitalier de Valence ?
OM : On est dans le même cas de figure. Mais il y a toujours une tension importante sur les lits de soins critiques. Les lits sont occupés au-delà de la normale. Les autres services de soins covid sont toutefois un peu moins occupés, il y a un peu moins de tension. Quant aux motifs d'admission aux urgences, on observe aussi sur Valence qu'il y a un peu moins de patients covid. Par contre, il y a un retour aux urgences de patients non-covid, c'est-à-dire des pathologies chroniques, qui doivent être pris en charge. C'est aussi valable à Crest. On retrouve des patients qui ne venaient plus aux urgences depuis un mois, qui y reviennent à nouveau.
LC : Qu'en est-il du stock de matériel de protection, masques, surblouses, gel hydro-alcoolique ?
OM : Il n'y a actuellement pas de problématiques majeures. Sur les masques, nous ne sommes plus en tension, sur le gel hydro-alcoolique non plus. Sur les surblouses, on était un peu en tension, mais on a désormais la possibilité de relaver certaines surblouses. Il n'y a pas non plus de tensions majeures sur les médicaments.
LC : Quelle est la situation dans les Ehpad (Établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) ?
OM : Il n'y a pas à ce jour de problème particulier. Il n'y a pour l'instant pas de résident testé positif. On croise les doigts.
LC : L'hôpital pourrait-il lever le "plan blanc", qui lui a permis de réorganiser ses services pour faire face à l'épidémie ?
OM : Nous sommes encore en plan blanc. On a tout de même cette échéance du 11 mai, pour laquelle on attend des précisions, et notamment savoir si l'on pourra ou pas reprendre une activité normale. Cela mérite des clarifications en tout cas. C'est un délai qui a été donné, mais on ne sait pas ce qu'il y a derrière...
LC : Envisagez-vous l'hypothèse d'un second pic ?
OM : Si des mesures de précautions ne sont pas prises, nous ne sommes pas à l'abri d'un nouveau pic. Les politiques sont dans un dilemme. Je ne suis pour ma part pas compétent pour trouver le juste milieu entre l'impact économique et les enjeux sanitaires. Mais c'est un autre sujet...
Propos recueillis par Martin Chouraqui
Publié le 16 avril 2020