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« Mon homme est en danger et personne ne fait rien... »

Le cri de détresse d'une épouse se sentant abandonnée par le corps médical.

Les médecins le craignaient depuis quelques temps : « À cause du Covid-19, les gens ont peur d'aller consulter pour toute autre maladie que celle liée à l'épidémie et on va se retrouver avec des cas graves à traiter ». Leurs craintes pourraient bien être avérées. Mais il y a aussi ceux qui ont déjà des affections de longues durées et qui ne peuvent pas être pris en charge dans les meilleures conditions.

C'est le cas de ce couple pas particulièrement âgé, que nous appellerons Mireille et Raymond (ils ont voulu garder l'anonymat), qui vit à Saoû et dont le mari est atteint d'un cancer depuis un an et demi et pour lequel un suivi est nécessaire. En mars, on lui avait placé une sonde gastrique et depuis le 3 avril il ne s’alimente plus. L'état de Raymond s'est ensuite dégradé et par manque de chance, l'oncologue qui le suit est actuellement absente ainsi que son médecin généraliste dont le remplaçant ne maîtrisait pas son dossier. Devant cette situation alarmante, Mireille a essayé de contacter téléphoniquement la clinique qui suit habituellement son mari, sans obtenir de réponse.

Malgré les soins attentionnés de son infirmière - qu'au passage, Mireille remercie grandement - la situation est devenue insupportable. Voyant l'état de Raymond empirer de jour en jour, un certain désarroi panique s'est emparé du couple. « Que faire ? A qui s'adresser ? On est abandonné de tous ! »

Finalement la clinique a pu être jointe le 6 avril dernier et la réponse laconique reçue PAR MAIL, n'a pas été pour rassurer le couple : « Monsieur ... ne peut pas être hospitalisé car on n'a plus de lits de disponibles » ; sous-entendu que les lits sont tous occupés par des malades du Covid19. L'angoisse a grandi et devant la souffrance de Raymond, son épouse souffre aussi, se sentant impuissante de le voir dans cet état sans aucun répit pour pouvoir dormir, ni lui ni elle.

Démunie et se sentant abandonnée par le corps médical, Mireille perdue dans son angoisse et ne sachant plus à qui s'adresser, nous confiait il y a peu : « Mon homme est en danger et personne ne fait rien pour le soulager sous prétexte qu'il n'y a pas de lits ! Même si je comprends que les malades de l'épidémie doivent être soignés, les autres qu'en fait-on ? On les laisse à leur sort, agoniser ? » C'est avec un certain sentiment d'injustice et une colère sourde que s'exprime Mireille; tout en reconnaissant que la plupart des soignants et des établissements hospitaliers ne ménageaient pas leur peine dans cette crise sanitaire hors du commun.

Dernièrement, Raymond a pu être enfin hospitalisé, mais depuis son épouse est sans nouvelles ou presque, de lui. Etant confinée elle-même, elle ne peut aller le voir à la clinique avec laquelle les contacts sont difficiles.

Au-delà de la maladie, de la souffrance et de son cas personnel, c'est un cri de détresse que Mireille a voulu lancer, car elle se doute bien que son cas n'est pas unique.

René Bergier

Publié le 16 avril 2020

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