Faites gaffe aux papys, ils sont très utiles
Contrairement à une idée commune, il faut bien voir que les aînés sont une force...
Il est manifeste que les mesures de déconfinement qui s’annoncent seront plus sévères pour les personnes plus âgées. Il y a là, évidemment, une cohérence du point de vue sanitaire: elles sont moins résistantes aux maladies et peuvent être déjà atteintes par certaines pathologies. Or, on voit bien que nombre des cas graves ou des décès dans l’actuelle pandémie de coronavirus proviennent de l’association de plusieurs maladies et non du seul coronavirus.
Mais il faut prêter attention aux conséquences sociales dévastatrices qu’auraient la mise de côté de cette force dans nos petites sociétés. Car, contrairement à une idée commune, il faut bien voir que les aînés sont une force. Combien de maires, d’adjoints, de conseillers municipaux ont chez nous plus de soixante-dix ans? Combien de présidents d’associations, de secrétaires ou de trésoriers?
Certes les anciens ont besoin de plus de temps, mais précisément le temps ils l’ont. Leur retraite de la vie active, le fait d’être libérés du besoin de travailler par leur pension de retraite les autorise à prendre tout le temps nécessaire pour les multiples tâches contraignantes mais obligatoires qui sont la vie d’une localité. La vérité est que jamais un mot comme celui de "retraité" n’aura été si mal choisi. Certes, on compte, parmi ceux-là, une densité particulière de jardiniers et de pêcheurs à la ligne. Mais combien sont bel et bien engagés dans la vie collective et, par là, deviennent indispensables? Il est à craindre qu’on s’en rende très vite compte.
L’HUILE DANS LES ROUAGES
On aura l’air fin si, au lendemain du déconfinement, on se retrouve avec des municipalités à l’arrêt parce que nombre d’élus, voire des maires, ne sont pas autorisés à siéger. Ou avec des associations de soutien social qui manqueront de bras parce que les têtes blanches seront priées de rester chez elles. Or jamais autant que dans le temps qui s’annonce on n’aura besoin de la contribution de ces milliers de groupements qui mettent de l’huile dans les rouages, qui soutiennent, facilitent la vie collective.
Nous sommes devant deux impératifs contradictoires: protéger une classe d’âge fragilisée et empêcher qu’elle ne contribue à un redémarrage de la pandémie d’une part; mais d’autre part nous avons besoin que les municipalités, les associations fournissent un formidable effort pour accélérer le redémarrage. Or cela va se dérouler alors que la jeune génération, les beaux, les grands, les forts vont devoir se donner autant qu’ils le pourront à retrouver du travail, satisfaire l’exigence un peu égoïste mais indispensable de faire vivre les leurs, de faire tourner la machine économique probablement sur des voies nouvelles. En cela jamais moins que dans les temps qui s’annoncent on ne devrait mettre les papys (et les mamies, bien sûr) de côté. Faites gaffe: ils sont très utiles.
Jacques Mouriquand
Publié le 16 avril 2020