Jean Pirot préside l’ADMR Le Vellan (Aide à Domicile en Milieu Rural). Son équipe est sur le front auprès des personnes bénéficiaires de leurs services, parfois indispensables.

Le Crestois : Quelle a été la nouvelle organisation de l’ADMR Le Vellan face à la pandémie ?

Jean Pirot : Du fait du confinement, sur 21 salariées que compte l’association seules onze sont actuellement en activité. Une dizaine se retrouvent donc au chômage ou en arrêt de travail.

Dès le début du confinement, nous avons restreint notre activité en cessant totalement le ménage pour conserver uniquement ce qui est essentiel pour les personnes : lever, coucher, toilette, repas et courses. Ainsi l’activité globale est passée de 150 à une trentaine d’interventions, soit une baisse de 80%. Les 20% d’activités restantes sont néanmoins beaucoup plus volumineuses qu’à l’ordinaire, ce qui explique qu’un peu plus de 50% du personnel soient encore à pied-d’œuvre. Le portage de repas connaît une baisse plus faible, de 200 à 175 repas par semaine.

LC : Avez-vous maintenant un accueil téléphonique ?

JP : Les deux salariées mises à disposition par la Fédération ADMR de la Drôme, Fanny la responsable de secteur et Laurence l’assistante de secteur, assurent quotidiennement la bonne marche de l’association : informations générales, ressources humaines et application des consignes fédérales pour l’une, gestion de l’emploi du temps des salariées et liens avec les usagers pour l’autre. Toutes les deux sont en relation journalière avec le président qui veille aux conditions matérielles, financières et morales d’exécution des tâches et des missions.

LC : Avez-vous reçu du matériel pour respecter les consignes sanitaires ?

JP : Chaque mardi après-midi, Fanny tient au local une permanence destinée, entre autres, à doter les salariées du matériel de protection nécessaire pour la semaine : masques, sur-blouses, charlottes, gel hydroalcoolique, etc. Tous ces matériels n’ont jamais vraiment manqué mais ont dû, trop souvent, nous faire passer par la case « système D ». De ce point de vue, il nous faut remercier vivement l’entreprise HERBAROM d’Aouste-sur-Sye qui nous a offert plusieurs litres de gel. Merci également aux mairies qui permettent, en lien étroit avec nos bénévoles, une réponse rapide aux appels d’urgence.

LC : Comment va se passer le déconfinement ?

JP : Dans les jours à venir, nous allons reprendre graduellement l’activité entretien de l’habitation et intensifier les courses. Nous restons cependant dans une gestion de crise au moins jusqu’à l’été.

On ne dira jamais assez l’engagement de nos salariées qui n’ont pas hésité à prendre des risques malgré des rémunérations dérisoires au regard de leur professionnalisme et de la difficulté de leur travail. Bien avant nous, elles avaient perçu combien les personnes âgées dépendantes et/ou handicapées souffrent actuellement d’une détresse morale beaucoup plus prégnante que la douleur physique.

LC : Avez-vous un message à passer ?

JP : Les travailleuses et les travailleurs du maintien à domicile et de l’aide à la personne sont souvent le dernier lien existant entre nos concitoyens âgés et le corps social. Il faut souhaiter que cet épisode pandémique nous fasse entrer dans un monde où la culture, l’économie et la politique seront enfin au service de l’homme.

Propos recueillis par Corinne Lodier

Publié le 25 mars 2020