Au service des habitants d’Autichamp
S'il y a bien un trait de caractère qu'on peut attribuer à Bernard Magnon, c'est le sérieux et la bienveillance qu'il a envers ses proches et sa commune. Il revient sur sa première année de mandat.
C'est après deux mandats en tant que conseiller municipal qu'il a décidé de s'engager dans la vie politique de son village. L'homme aux multiples casquettes a lâché du lest sur son exploitation agricole pour se consacrer avec passion aux responsabilités communales.
Les Autichampois vous connaissent comme maire, mais rappelez brièvement aux lecteurs votre parcours jusqu'à ce manda.
B. M : J'ai effectué deux mandats en tant que conseiller municipal sous messieurs Montel et Philippe Giraud. Suite au décès de Monsieur Montel, j'avais refusé de reprendre sa suite parce que c'était une période où je n'avais pas suffisamment de temps pour me consacrer à ce type de responsabilité. Je n'avais pas les moyens de laisser tourner mon exploitation seule et mes enfants étaient encore trop petits. Aujourd'hui, c'est différent, mon fils a pu prendre le relais à la ferme. Mais à l'époque j'avais eu du regret, parce que, selon moi, on se doit de participer à la vie de sa commune.
Qu'est-ce qui vous a poussé à devenir maire ?
B. M : Suite à mes deux mandats en tant que conseiller municipal, j'ai décidé d'arrêter un temps et c'est mon épouse qui a pris le relais à la mairie à ma place. Mais comme elle n'a pas souhaité poursuivre, j'ai décidé de me présenter. Pour moi, on ne s'engage pas par intérêt financier ou pour la gloire, on s'investit pour se donner aux autres. Ce qui me plaît, aussi, c'est le contact humain en assurant un service aux habitants et faire en sorte que la vie communale soit harmonieuse. Bien entendu, ce qui me motive, c'est de veiller au bon développement économique de la commune même si ça devient de plus en plus difficile car nous avons des budgets très serrés. Cela ne va pas aller en s'arrangeant à cause de la baisse des dotations cantonales et de l'État. Heureusement, mes prédécesseurs ont pu mener de gros travaux, comme l'eau et l'assainissement mais, aujourd'hui, nous avons un retard important sur l'entretien des routes et des chemins, qui se sont beaucoup détériorés ces dernières années à cause des excès d'eau.
En parlant de travaux, l'année écoulée a fait l'objet d'importantes rénovations. D'autres projets sont prévus ?
B. M : Oui, en effet. J'assume la continuité des projets en cours tel que le chantier de l'église. Ce dernier était ambitieux mais il est arrivé à terme avec une réalisation très satisfaisante. Cela a été bien accueilli par l'ensemble des générations vivant dans le village. Pour la réfection des chemins, le dossier est en cours. Nous avons demandé des devis car la situation devient urgente pour la qualité de vie et la sécurité des riverains. Nous allons également créer un columbarium au cimetière en refaisant les sols. Nous prenons aussi la suite des calades dans le village. Nous souhaitons également accueillir de nouveaux habitants, jeunes et actifs, tout en ayant le souci de conserver le caractère de la commune. Même s'il est très difficile d'avoir des permis de construire. Il faut savoir que nous sommes la plus petite commune du canton avec 140 habitants.
Au-delà de ces motivations, comment gérez-vous les responsabilités ?
B. M : Être maire est une fonction très intéressante mais qui induit de lourdes responsabilités, on ne peut pas le nier. Il faut être sur tous les fronts, en faisant preuve de diplomatie, tout en étant à l'écoute. C'est pour cela qu'il faut savoir passer la main. Jusqu'à présent nous avons eu la chance d'avoir de très bon maires qui ont su s'investir sérieusement pour le bon développement de la commune. Et puis, je crois qu'il faut être capable d'accepter cette charge dans un souci d'honnêteté et de transparence, en essayant de répondre du mieux que l'on peut aux attentes des habitants. Pour bien gérer ces responsabilités, il est aussi naturel de s'appuyer sur ses conseillers et ses adjoints. Je tiens d'ailleurs à les remercier pour leur bon investissement. Notre équipe regrette également le départ de notre secrétaire, Marie-Ange. Nous sommes en passe de la remplacer et, pour le moment, la fonction est assurée par le service itinérant de la CCVD. Il faut également savoir gérer son temps, notamment lorsque, comme moi, nous avons d'autres responsabilités. Je suis engagé depuis une vingtaine d'années en tant que vice-président du Crédit Agricole, administrateur de coopérative et vice-président de la fédération départementale ovine.
Vous qui avez grandi dans la commune, comment l'avez vous vue évoluer ?
B. M : Tout d'abord, elle est restée très dynamique grâce à l'activité agricole. Nous avons quand même perdu des exploitations mais d'autres se sont développées et elles tiennent bien. Notamment avec les élevages hors sol. À l'inverse nous n'avons plus ni commerçants ni d'artisans.
Votre premier mandat vous a amené à appliquer une première mesure : les rythmes scolaires. Qu'en est-il à Autichamp ?
B. M : Déjà, nous avons une belle école primaire qui est en regroupement pédagogique avec la Répara et Divajeu. Cela fonctionne très bien avec une équipe d'enseignants motivés et appréciés des 16 élèves. Même si c'est une école de campagne, des sorties sont régulièrement organisées. Malgré les difficultés, nous avons réussi à adapter les rythmes scolaires. À ce sujet, les avis des parents sont partagés. Cette mesure a fait beaucoup de bruit, notamment sur les activités à mettre en place, mais, souvent, on a oublié les enfants et l'importance du mercredi pour qu'ils puissent se reposer.
Comment voyez-vous les résultats des départementales ?
B.M : On sent qu'il y a peu d'intérêt pour ces élections. On peut l'expliquer à cause d'une mauvaise communication de la part de l'État et des dirigeants départementaux qui avaient dit que les départements allaient être supprimés et que le nombre de cantons allait diminuer, mais au final on se retrouve plus nombreux. Les citoyens devraient s'affirmer plus franchement, c'est important. Nous souhaitons que les gens se mobilisent pour aller voter et exprimer leurs idées car organiser des élections coûte cher. En tant que maires de communes rurales, nous voulons conserver le territoire départemental car nous en avons besoin pour travailler.
Dernière question «fatidique » ; seriez-vous partant pour un prochain mandat ?
B.M : Ce seront les habitants qui en décideront... (avec un sourire malicieux)
Propos recueillis par Marlène Honorat
Article paru dans Le Crestois du 3 avril 2015