La vérité, si je mens…
"Transitions", la chronique de Vincent Meyer du vendredi 26 juin 2020.
Attention, les mots peuvent nous trahir et parfois dire autre chose que ce que nous voulons exprimer. Je suis frappé par la violence de certaines manifestations ? Frappé, vraiment ? Pourquoi, alors que je suis réticent à la violence, m’infliger cette "frappe" ? Une frappe virtuelle et métaphorique certes, mais une frappe sémantique quand même ! J’aurais pu dire : je suis étonné, surpris, bouleversé, interpellé, choqué… mais pourquoi "frappé" ? Avez-vous remarqué comme le langage qui accompagne le sport et la compétition est violent, agressif voire guerrier ? Battre l’équipe adverse, lui infliger un but, l’écraser, prendre la revanche…? D’accord on joue pour gagner, mais c’est un jeu non ? Ma voisine est "tombée" enceinte ! Elle ne s’est pas fait mal, au contraire ! Alors pourquoi une expression qui semble se référer à un hasard, à une maladie honteuse ou à une malédiction ? N’avonsnous pas la capacité et la liberté de choisir nos mots ?
Article publié dans Le Crestois du 26 juin 2020