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"On nous a pris pour des originaux"

Vincent Beillard et Annie Morin, le maire et sa première adjointe, reviennent sur une première année compliquée sur Saillans.

Les élections municipales de Saillans en ont interpellé plus d'un. Alors qu'une partie de la population crie son opposition au maire sortant, une réunion de préparation aux élections rassemble plus de deux-cents personnes sur les mille deux cents habitants.

Aller à la rencontre du Maire à Saillans, c'est rencontrer le maire et sa première adjointe, Annie Morin. Les réponses sont collégiales et complémentaires.

Vos relations avec la CCCPS ont commencé sur les chapeaux de roues, comment cela a-t-il évolué ?

V.B & A.M : Nous pensons que nous faisions peur. Nous ne sommes pas des pros de la politique et notre système est différent des systèmes installés. On nous a pris pour des révolutionnaires, ils ont eu peur d'une invasion. On a vraiment été pris pour un groupe d'originaux sans expérience. Nous avons donc fait un courrier à tous les élus de l'interco, un quart nous ont répondu et nous sommes allés les rencontrer. Cette démarche a entamé le dialogue. Après le départ de M. Pegon, ça a été plus facile. Les fantasmes sont tombés, les relations ont été de suite plus détendues. Des élus nous demandent même comment ont été mises en place les commissions participatives. Rappelons que plus de quatre-vingts personnes se sont avancées pour y participer avant même les élections. Maintenant, on nous écoute plus, c'est mieux.

Avez vous eu des surprises en arrivant ?

V.B & A.M : On ne peut pas vraiment dire ça. La transmission a été bien faite lors de la passassion du mandat. En même temps, on ne savait pas grand chose car il y avait une certaine opacité des élus précédents. On n'a donc pas eu de surprise puisqu'on n’avait pas une connaissance réelle des choses.

Quels sont vos projets et travaux en cours ?

V.B & A.M : Nous en avions noté plusieurs mais depuis un an nous avons commencé, voire terminé, certains travaux. Sur la salle des fêtes, nous en sommes au stade de l'étude avec les associations, leurs besoins étant importants à entendre. Pour les services techniques, il va y avoir la construction d'un bâtiment aux normes. Un travail important va se faire avec la révision du PLU. C'est une révision citoyenne, avec la population pour apporter de la hauteur afin de prendre des décisions pour l'avenir. Avec les fontaines rénovées, nous allons présenter un circuit, comme un petit rallye découverte, autour de celles-ci. « Les chercheurs d'eau » est élaboré par une association avec la mairie en porteur du projet. Comme la CCCPS n'a pas la compétence périscolaire, nous allons créer un Syndicat Intercommunal à Vocation Unique, avec d'autres maires du territoire ; ça nous permettra de travailler efficacement sur le périscolaire. La mandature précédente avait travaillé sur l'ancienne perception qu'ils désiraient détruire. Après avoir entendu les Saillansons qui trouvaient ceci dommage, nous avons réfléchi différemment. Les habitants sont attachés à leurs rues, leur architecture. Voir disparaître le bâtiment ne leur plaisait pas. Après avoir rouvert le dossier, nous avons remarqué que certains travaux prévus initialement ne pouvaient pas se réaliser car les engins ne passaient pas, par exemple. Le projet est donc de nouveau à l'étude, mais s'oriente vers une rénovation. Pour la voirie, certaines rues sont réfléchies de manière à concilier les trajets à pied, vélo et voiture. Nous avons appelé ceci la « route apaisée ». Puis, il faut écouter la vision qu'ont les habitants de leur village et nous envisageons l'augmentation de 30% de places de parking. La commune est interpellée par la demande de jardins collectifs, le maraîchage sur la commune. Il nous faut être attentifs à l'avenir du foncier agricole sur le territoire.

Vous pensez également à la jeunesse saillansonne ?

V.B & A.M : Les jeunes, comme dans de nombreuses communes retirées, ont du mal à s'occuper, à se déplacer... Il faut légitimer leur place. Il est prévu de les rendre responsables et de les intégrer à la vie du village. Pour les transports, un réseau « pouce » est en perspective. Les transports vont être intégrés à un travail sur l'environnement de manière à améliorer leur milieu naturel.

Quel a été l'impact de la notoriété de la gouvernance collégiale de Saillans ?

V.B & A.M : Nous avons été un peu déçus par les reportages télévisés. Ils vont à l'essentiel et ne racontent pas forcément ce que nous voulons dire. Les articles écrits sont plus proches de la réalité. Tout ça nous a permis de travailler sur nous-mêmes, de parler du projet mis en place, de nous re projeter. On en est toujours au tâtonnement, malgré les bonnes bases installées. L'avantage des médias est qu'ils nous suggèrent de nouvelles questions. Un groupe de gens du village, vingt-cinq bénévoles, a d'ailleurs participé à une formation sur la communication et nous avons quatre ou cinq correcteurs de comptes rendus.

Etes vous arrivés à attirer les plus réticents ?

V.B & A.M : Nous avons beaucoup de mal. Quelques-uns sont venus à des réunions, ils ont pu voir. Dans un premier temps, de ce qu'on nous a dit, c'était, « ils sont bien sympas ». Comme nous pensons qu'ils estiment que c'est à nous d 'aller à eux, nous essayons de trouver des techniques pour sensibiliser ces genslà à notre fonctionnement. Nous avons récemment eu une réunion de travail sur l'aménagement du village, et nous avons écouté tout le monde, écrit tout ce qu'on a entendu. Un Saillanson a été surpris de nous voir noter l'idée qu'il avait soumise. Elle viendra sûrement en étayer une autre pour finir à la solution. Notre but est de sortir les habitants de chez eux, leur proposer des actions pour lesquelles ils sont concernés. À terme, nous espérons montrer l'efficacité de notre gouvernance collégiale et participative.

Propos recueillis par Corinne Lodier

Article paru dans Le Crestois du 17 avril 2015

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