Un "trip" sportif à contre-courant
Paul Villecourt, le photographe sportif bien connu dans la Vallée, et son ami Nans Thomassey ont parcouru 125 km à bord de leur canoë pour rejoindre le Pont d’Arc.
Paul Villecourt et Nans Thomassey, deux mordus de la nature, ont rejoint l’Ardèche en partant d’Aouste-sur-Sye. Retour sur une aventure riche en partages et en émotions.
Le Crestois : Qui a eu l’idée de cette traversée en canoë ?
Paul Villecourt et Nans Thomassey : C’est moi ! (rires)
P.V : En réalité, j’avais ce projet en tête depuis deux ans. Moi qui adore barboter dans l’eau, je voulais faire cette traversée de manière simple, sans prise de tête. Mon goût du partage m’a poussé à proposer à Nans de m’accompagner dans ce trip.
N. T : Il y a trois semaines, Paul m’annonce cela. Et comme j’adore ce genre de défi, j’ai accepté car ce qui m’a touché dans le projet, c’est de vivre une aventure au pas de notre porte.
Racontez-nous votre départ.
P.V : Nous sommes partis à pied du pas de la porte de ma maison située à Aouste-sur-Sye. Avec deux canoës et 80 kg de matériel, rien de plus. Nous avons ensuite rejoint la rivière sous le pont du village. Comment vous êtes-vous organisés ?
P.V : À la base, c’était un trip minimaliste. Mais comme on ne se refait pas ni l’un ni l’autre, on a emporté un peu de matériel et j’ai cartographié notre trajet par mesure de sécurité. Mon ami Philippe Bouvat a joué le rôle de l’éclaireur afin qu’il nous dise les endroits à éviter. De mon côté, je gérais la logistique et Nans la nourriture, c’est pour cela qu’on a mangé bio pendant quatre jours ! (rires)
Avez-vous rencontré des obstacles lors de la traversée ?
P.V : Le Rhône était un terrain inconnu pour moi comparé à la Drôme que je connais bien. Mais cela ne nous a pas empêchés de frôler la catastrophe à deux reprises, dont une fois aux Ramières. Un spot que je connais pourtant bien ! Il ne faut donc pas sous-estimer le fleuve ni les amonts des barrages. Même si nous ne nous sommes pas entraînés, nous avons chacun des compétences et des expériences dans le domaine du canoë et du voyage en autonomie.
Cette traversée est-elle possible pour des touristes et ou amateurs de canoë ?
P.V : Non. Bien que ça ne soit pas une expédition extrême, ce n’est pas à la portée de tous. Il faut avoir conscience du terrain sur lequel on va et du matériel que cela induit. Par exemple, sur le Rhône ce sont des conditions de mer où le vent est à prendre en compte. Entre Crest et le Rhône, c’est la partie la plus sauvage de la Drôme. Ce qui explique pourquoi elle n’est jamais naviguée par les locations de canoë. Il est aussi vivement conseillé de partir avec une personne en qui vous avez confiance et que vous connaissez pour savoir que le voyage ne sera pas agrémenté de disputes liées à l’humeur de l’autre.
Avez-vous rencontré des difficultés lors du périple ?
P.V : Non pas particulièrement. Il faut néanmoins savoir maîtriser les techniques de cordes pour pouvoir charier le canoë, avoir un matériel spécifique pour débarquer.
N.T : En Ardèche, il y a une réglementation assez stricte. Comme c’est un parc régional très touristique, l’environnement est préservé. Donc il y a seulement deux endroits pour camper au bord des Gorges de l’Ardèche. C’est un point important à prendre en compte.
Au-delà de la logistique, le plaisir devait être au rendez- vous...
P.V : Il y avait en effet une ambiance particulière. Nous avons vu des paysages au contraste très différent. Le voyage, c’est aussi des discutions sur des sujets de société. Notamment lorsque nous sommes passés devant l’imposante centrale nucléaire de Cruas. Sans jouer la caricature de l’écologiste, j’ai compris l’urgence et l’importance de protéger la nature...
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La suite de cet entretien est à lire dans Le Crestois du 3 juillet 2015