Les actus à découvrir dans le journal de la Vallée

                

Ce que nos paysages racontent

Magnaneries, filatures, canaux, cabanons, lavoirs : notre région porte de nombreuses traces d’anciens modes de vie. Malheureusement, on ne s’en rend pas assez compte.

Ce serait un programme magnifique: baliser toute notre région pour faciliter aux observateurs la compréhension de ce que les paysages disent de la vie des générations précédentes. Car, bien sûr, on n’a pas construit de cabanons dans nos campagnes, ni de canaux et encore moins, bien sûr de filatures ou de papeteries pour faire joli. Nos paysages nous renvoient, sans que nous nous en rendions bien compte, à des souvenirs du labeur et de la sueur des générations passées. Lorsqu’on regarde des églises, on sait, bien sûr, qu’elles étaient là pour qu’on y prie. Mais pourquoi diable tant de cabanons? Et qu’avait-on besoin de creuser tous ces canaux ? Ou encore: quelle drôle d’idée avait-on de construire des usines à la campagne ? On regarde aujourd’hui cela comme une curiosité, oubliant que ce fut, dans un temps de notre histoire la règle, les fabriques allant s’installer là où se trouvait la main d’oeuvre et non l’inverse comme aujourd’hui. Nous profitons de cette période où nous avons quelques touristes et résidents secondaires parmi nos lecteurs pour leur donner quelques utiles repères pour décrypter nos paysages.

Il faut savoir repérer les traces de nos canaux 

Il y a, dans notre région, un certain nombre d’endroits où les canaux restent très visibles, par exemple le long de la route conduisant de Blacons à Crest. Dans d’autres endroits, comme la vallée de la Gervanne, au delà du hameau du Dérot en montant, on peut les voir assez facilement. Ailleurs, ils sont un peu plus cachés, mais c’est un joli mobile de promenade.

Les canaux furent l’électricité d’une époque, c’est dire s’ils étaient importants. Les historiens nous le confirment amplement, eux qui ont eu la curiosité d’aller fouiller les archives des tribunaux des périodes antérieures à la Révolution. Ils y ont trouvé des disputes épouvantables où parfois même le Parlement du Dauphiné devait trancher. C’est que posséder un droit d’eau sur un canal était capital.

Nous avons tendance à penser aujourd’hui aux canaux destinés à l’irrigation et, sans doute, il y eut, depuis longtemps cette fonction. Mais les canaux permettaient aussi de faire tourner les moulins, par exemple, à grains. Cela servait à la production d’huile à la fois pour les besoins locaux et pour la vente à l’extérieur, donc les revenus des paysans. Enfin, pour les fabriques que nous évoquons ci-dessous, les canaux permettaient par un système de turbine soit d’animer les arbres des machines, soit, plus tard, de fabriquer de l’électricité. Les très fameuses papeteries Latune à Blacons en ont eu besoin. À Aouste, il y eut aussi un entrepreneur privé qui fournissait l’électricité à la commune. De même à Bourdeaux, sauf que, dans le deuxième cas, il s’agissait d’une scierie qui avait besoin, de jour, de l’énergie amenée par une turbine sur le canal et qui, le soir, laissait la turbine tourner au bénéfice d’abonnés dans la localité. Dans les deux cas, la facturation se faisait au nombre d’ampoules par foyer abonné...

Pourquoi tant de cabanons ?

Il est juste (et agaçant) de reconnaître que nos voisins du Diois font mieux que nous en matière de cabanons dispersés dans les paysages. C’est qu’on est là au coeur du terroir de la clairette de Die et que l’exploitation de la vigne poussait à la multiplication de ces refuges en pleine nature. Pour autant, chez nous aussi, certaines municipalités ont entrepris le recensement du nombre de leurs cabanons et en ont trouvé un nombre invraisemblable, hélas le plus souvent en ruines. L’idéal serait bien sûr un vaste programme de réhabilitation mais, malgré la modestie des édifices, il coûterait les yeux de la tête.

On ne réalise pas toujours ce qu’impliquent ces cabanons dans l’organisation jadis de la vie paysanne: les distances des champs à la ferme qui, aujourd’hui, nous paraissent dérisoires parce que nous les couvrons en voiture, étaient alors relativement importantes. Et, comme, faute de mécanisation de l’agriculture, les productivités étaient très médiocres, les paysans avaient bien mieux à faire qu’à perdre du temps en trajet, surtout lorsqu’il fallait transporter - lentement là encore- des outils. Donc, il est apparu beaucoup plus rationnel d’avoir ces abris où passer épisodiquement la nuit et où conserver ses outils. Dans le Diois, on voit très bien que l’apparition, un temps, de maladie de la vigne a été concomitante avec l’abandon de ces constructions pour une période. Certaines heureusement ont été restaurées...
(...)

La suite de cet article est à lire dans Le Crestois du 24 juillet 2015, avec l’histoire des filatures, des lavoirs et des faïenceries.

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