La vie crestoise de juin 39 à octobre 45
De nouveaux documents content la vie crestoise durant la guerre. Un nouveau point de vue sur cette période sombre est apporté par les frères de l’école St Louis.
Le travail de Jean-Charles Maillol, ce passionné d’histoire dont nous avons décrit les recherches dans notre dernière édition, a dépassé toutes ses espérances. Élève puis employé dans l’Établissement St Louis, il a fouillé toutes les archives de la région, et même plus, pour reconstituer la vie de la bâtisse principale de l’établissement, le fameux «Château Soubéran ».
Au détour de quelques manuscrits, il est tombé sur les récits des frères durant la Seconde Guerre Mondiale. D’une précision stupéfiante et avec des mots parfois bien crus, ce journal régulier décrit la vie crestoise avant, pendant et après l’occupation. Les voici donc, sans aucune modification de notre part, mais avec une sélection des évènements les plus importants.
La première mention faite de la guerre se situe le 22 mai 1940, soit neuf mois après le début des hostilités. Avant cette date, la météo, et notamment un grand froid, occupe les esprits, ainsi que les fréquentes visites de M. l’Inspecteur, qui voit d’un mauvais oeil la présence de mademoiselle Marie Pinson à la tête du Cours préparatoire. «Cette présence l’inquiète... Les lois scolaires !.... Décidément, M. l’Inspecteur s’intéresse beaucoup à nous.» Le 22 mai, donc, il est noté : « Lettre du Frère directeur qui a pris contact avec l’ennemi. La fête de la St Jean Baptiste de la Salle, en raison des circonstances, passe inaperçue. Cependant, après la grand messe, on chante le cantique «Honneur à toi ». La guerre s’intensifie.» Plus rien jusqu’au premier juin, quand « Les évènements s’aggravent. Alerte sur Crest de midi à 15 heures. »
2 juin : Dimanche : alerte vers 9 heures 5 juin : Nouvelle visite du Cher Frère Agnel Isidore. Visite d’encouragement.
13 juin : un décret paraît, ordonnant la fermeture de toutes les écoles. On se hâte de tout mettre en ordre. Dès le 15 au matin (date fixée), des soldats se présentent pour prendre logement chez nous. On juge pouvoir garder quelques pensionnaires qui veulent présenter au B.E qui doit avoir lieu le 17 juin, au lieu du 31 juillet. Quelques élèves du Certificat restent aussi. Bientôt, il arrive des convois de réfugiés qu’il faut loger en même temps que les soldats qui restent. On renvoit chez eux les quelques élèves qui restent.
20 juin : Dans la soirée de ce jeudi, Monsieur Rozier, sénateur-maire, vient indiquer aux réfugiés les précautions à prendre dans le cas où il faudrait faire sauter le pont de la Drôme.
21 juin : L’ordre d’évacuation des réfugiés hospitalisés à l’école arrive. M. L’Abbé Teyssier invite les Frères à se réfugier au petit-séminaire (École du Sacré-Coeur). Si le pont saute, c’est l’isolement sur la rive gauche de la Drôme, aussi s’exécutent-ils. La maison réquisitionnée se remplit de soldats (la chambre du Frère Directeur est elle-même occupée).
22 juin : Plusieurs Frères descendent jusqu’à St Louis. On a transporté au petit-séminaire tout ce qu’on a pu : draps, chocolat, etc.
23 juin : dimanche. Alerte vers 7 heures. Journée relativement calme. On parle du projet d’une armistice avec l’Allemagne et l’Italie. Pétain parle aux Français, à la radio... Sur le conseil de monsieur leu curé, le Frère Félicien Michel vient coucher à St Louis pour surveiller la maison...
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La suite de ce document est à lire dans Le Crestois du 25 septembre 2015,
ainsi que dans les 2 éditions des semaines suivantes.