Les actus à découvrir dans le journal de la Vallée

                

La fièvre et le thermomètre

Mise au point sur les pages "Tribunes libres", par la rédaction du Crestois.

Chères lectrices, chers lecteurs,

Plusieurs d’entre vous nous ont fait récemment part de leur indignation suite à la publication, dans notre édition du 17 décembre, de la tribune d’Étienne Maillet intitulée «Heil mon iel !». Certaines de ces réactions sont à lire cette semaine dans notre édition papier ou PDF. Pour répondre aux autres et élargir le sujet, il semble nécessaire de faire aujourd’hui une mise au point sur ces pages et de rappeler la philosophie qui gouverne leur édition.

Premièrement : les contributeurs et contributrices qui y participent écrivent en leur nom, et non en celui de la rédaction. Ce ne sont pas des journalistes du Crestois, comme certains semblent le penser, mais des citoyens engagés qui s’emparent d’un espace que nous mettons à la disposition de tous pour contribuer au débat public.

Deuxièmement : des règles s’appliquent à ces contributions. Celles de la législation française et en particulier la loi sur la liberté de la presse de 1881. Pour résumer : injures, calomnies et diffamation sont proscrites, appel à la haine, incitation à la violence, négationnisme, etc., le sont également. Les fausses informations sont elles aussi bannies de nos colonnes. Concrètement : lorsque la rédaction pense détecter dans les textes qui lui sont soumis des entorses à ces règles, elle demande une réécriture des propos litigieux à leurs auteurs et, en l’absence de réponse, ne les publie pas.

Nous ne sommes néanmoins pas juges. Aussi, les textes ou extraits problématiques sont autant de cas de conscience qui se posent à notre rédaction et en particulier au directeur de la publication qui, rappelons- le, est pénalement responsable du contenu du journal. Du côté du Crestois, la prudence est donc de mise. Mais elle ne doit pas pour autant nous conduire à une sorte de frilosité qui nous pousserait à mettre sous le tapis des opinions minoritaires, subversives, gênantes... Nous comptons sur l’intelligence des lecteurs pour mettre les textes en perspective, s’indigner ou acquiescer et, bien sûr, répondre si nécessaire pour faire avancer la discussion publique. Nous pensons qu’il est sain de faire preuve d’une grande tolérance à l’égard des opinions exprimées, même si cela nous vaut de nombreuses critiques. La vitalité de ces pages et la diversité des points de vue qui s’y expriment nous confortent dans ce choix.

Dans cette dialectique qui se forge chaque semaine naît nécessairement la «polémique ». Un mot fort ancien dont la racine est empruntée au grec πόλε- μος , pólemos, qui signifie rien moins que «la guerre». Alors oui, la polémique, le débat d’idées contradictoires, fait des étincelles. Des coups y sont portés. Ils sont parfois violents, parfois bas, mais parfois aussi fins et lumineux. Des mots y font office d’obus. Le «Heil» d’Étienne Maillet en fait partie. Un mot épouvantail, terrible, qui nous heurte tous. Lorsque nous l’avons lu, nous y avons vu d’une part un jeu de mots au goût douteux. Et de l’autre, un procédé rhétorique visant précisément à choquer et à frapper les esprits. À subvertir le débat. Sans doute n’avons-nous pas eu suffisamment conscience que sa charge symbolique pouvait aussi blesser. Mais en tout état de cause, est-ce un motif suffisant pour s’emparer de la paire de ciseaux et en expurger le texte d’Étienne Maillet? Nous avons estimé que non. Nous avons pensé que nous étions capables, en tant que lecteurs, de prendre ce mot avec la distance nécessaire, d’activer notre sens critique dans l’espoir que quelque chose de neuf surgisse de la contradiction...

Quoi qu’il en soit, gardez à l’esprit que Le Crestois n’est qu’un îlot dans l’archipel immense du débat public français. Ce débat est, aujourd’hui, dans le pays tout entier, en ébullition. Des opinions extrêmes s’affrontent. Les positions se clivent chaque jour davantage. La violence physique s’en mêle et semble prête à surgir toujours plus fréquemment. C’est un état de fait dont nous ne pouvons que faire le constat. Le Crestois n’est, dans ce grand mécano, qu’une modeste loupe grossissant le trait, qu’un fragile thermomètre mesurant une poussée de fièvre qui n’en finit pas de monter en température. Que faire? Casser le thermomètre ou tenter de faire passer la fièvre ?

La rédaction

Article publié dans Le Crestois du 24 décembre 2021

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