Les actus à découvrir dans le journal de la Vallée

                

Quand nos villages satisfaisaient leurs besoins

Hélène Argoud et Marie-Rose Lombard racontent un temps où on n’était pas tout le temps en voiture

Ce sont deux femmes exquises comme on rêverait d’en avoir comme grands-mères: Hélène Argoud, de Beaufort-sur-Gervanne est la veuve d’un maçon que tout le monde a connu alentour, Marie- Rose Lombard celle d’un employé de ce que, jadis, on appelait les Ponts et Chaussées. L’une et l’autre, on le devine bien, bien qu’elles ne s’en plaignent jamais, ont eu des vies dures, au surplus bouleversées par la guerre. Ce qui fait l’intérêt de leurs témoignages, c’est qu’elles nous racontent un monde dont nous n’avons plus idée: celui où, pour l’essentiel, chaque famille était autonome et, comme elle, chaque village. «On vivait presqu’en autarcie» dit Marie-Rose Lombard, songeant à la ferme de ses parents à Suze . Et, comme en écho, Hélène Argoud rebondit: «Vous ne pouvez pas imaginer le nombre de commerces qu’il y avait à Beaufort».

Des commerces où, certes, on achetait, mais où aussi on vendait. Le très illustre Félix Lapeyne, dont il faudra un jour raconter la vie si on parvient à retrouver des documents, était un des épiciers de Beaufort. Mais il eut successivement, une carriole, puis une camionette. Et il était alors, ce que l’on appelait «coquetier », c’est-à-dire qu’il allait proposant ses produits de village en village, achetant aussi des oeufs ou des lapins qui seraient, par la suite revendus dans son épicerie beaufortoise. Mais il y avait, dans ces transactions, beaucoup d’échanges: du sel, du café et du poivre contre des lapins. Yves Gory, ancien entrepreneur beaufortois en bâtiment, se souvient s’être fait un peu d’argent, comme ses copains, en ramassant des escargots qu’il revendait à Félix Lapeyne.

Pas étonnant qu’on ait fait l’essentiel des provisions sur place: la plupart des habitants avaient, avant la dernière guerre, un bout de terre. Et s’il y avait tant de commerces, c’est qu’on faisait pour l’essentiel les courses à vélo ou à pied. Yves Gory évoque une de ses parentes domiciliée à Eygluy qui venait faire ses courses à pied à Beaufortsur- Gervanne. Il fallait avoir de bons mollets et, du reste, si tous nos témoins sont, malgré les attaques de l’âge, encore en assez bonne forme, c’est sans doute précisément parce qu’ils ont fait, au naturel et sans même y penser, beaucoup d’exercice physique.

Ce sont deux femmes exquises comme on rêverait d’en avoir comme grands-mères: Hélène Argoud, de Beaufort-sur-Gervanne est la veuve d’un maçon que tout le monde a connu alentour, Marie- Rose Lombard celle d’un employé de ce que, jadis, on appelait les Ponts et Chaussées. L’une et l’autre, on le devine bien, bien qu’elles ne s’en plaignent jamais, ont eu des vies dures, au surplus bouleversées par la guerre. Ce qui fait l’intérêt de leurs témoignages, c’est qu’elles nous racontent un monde dont nous n’avons plus idée: celui où, pour l’essentiel, chaque famille était autonome et, comme elle, chaque village. «On vivait presqu’en autarcie» dit Marie-Rose Lombard, songeant à la ferme de ses parents à Suze.

(...)

La suite de cet article est a lire dans Le Crestois du 22 janvier 2016 

objectif 1000abonnes