Les actus à découvrir dans le journal de la Vallée

                

À toutes mes dernières fois !

Le sort de l’entreprise est suspendu à la décision du Tribunal de commerce de Romans-sur-Isère qui rendra son verdict le mardi 13 juin.

Comme vous le savez peut-être, l’Imprimerie du Crestois est en redressement judiciaire depuis le 14 mars. Confrontée à des difficultés financières depuis de trop nombreuses années, l’entreprise n’a pas pu faire face à la crise sanitaire et à l’inflation du prix des matières premières due à la guerre en Ukraine. La société n’a pas eu d’autre solution que de demander la protection du tribunal de commerce de Romans-sur-Isère. Depuis la mi-mars, l’entreprise vit au rythme des mandataires, administrateurs judiciaires, avocats et compagnie; un rythme onéreux et assez peu agréable pour être franc avec vous.

Début avril, une offre de reprise pour l’imprimerie d’une part et le journal d’autre part a été diffusée par notre administrateur. Seul le journal a suscité l’intérêt de potentiels repreneurs (dont la Scop des journalistes du Crestois), scellant définitivement le destin de l’imprimerie, qui s’oriente, malheureusement, vers une liquidation. C’en sera fini des odeurs d’encre et du ronronnement des machines au 52, rue Sadi Carnot.

Mercredi 7 juin, le projet de reprise de mes salariés a donc été présenté aux juges romanais, qui rendront leur jugement le mardi 13 juin dans l’après-midi. Croisons les doigts pour eux mais soyons confiants car leur offre était la seule en lice, le soutien massif des lecteurs du Crestois ayant fait fuir les autres repreneurs. Merci à vous, généreux donateurs, et merci à mes salariés d’avoir osé se lancer dans l’aventure de reprise.

Pour ma part, comme je vous l’avais annoncé dans mon article du 31 mars dernier, cette liquidation signe la fin de mon histoire familiale. Je suis allé jusqu’au bout de ce qui était humainement et matériellement possible de faire et, la mort dans l’âme, j’ai dû me résigner à arrêter cette aventure. Je dois accepter de voir le journal vivre une nouvelle vie et l’imprimerie s’éteindre à tout jamais. La fin d’une histoire mais le début d’une autre.

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L’imprimerie, vers 1903… et en 2023.

LA SEMAINE DES DERNIÈRES FOIS

Notre famille a toujours été si intimement liée à cette entreprise qu’il me semble inimaginable que tout s’arrête. Et pourtant, tout s’arrêtera dès que les juges auront rendu leur décision. C’est donc ma dernière semaine à la tête de l’entreprise. La semaine des dernières fois : le dernier article que je vais écrire ; le dernier encrier que je vais remplir ; la dernière machine que je vais réparer ; le dernier journal que je vais livrer à Valence… Autant de tâches qui rythmaient jusqu’alors mon quotidien qui s’arrêteront elles aussi.

Cette période est propice aux souvenirs passés dans cette entreprise, aux bons comme aux mauvais, car l’aventure a souvent été ponctuée d’écueils. Je garderai en mémoire le profond attachement qui me lie à mes fidèles compagnons de route qui ont su m’épauler fidèlement durant ces années de galère. Sans eux, je n’aurais pas pu aller aussi loin.

ROUAGES ESSENTIELS

Merci Annie d’avoir veillé sur le journal, merci Sarah de m’avoir si bien assisté, merci Fanny de m’avoir fait confiance, merci Joëlle pour ton soutien, merci Philippe d’avoir égayé l’ambiance avec tes blagues (bonnes ou mauvaises), merci Alex d’avoir été notre artiste, merci Julien d’avoir appris le métier aussi vite, merci Martin pour ton humour et tes contrepèteries, merci Clément d’avoir accepté de rejoindre l’équipage d’un bateau qui prend l’eau, merci Laure de m’avoir proposé ce projet de Scop.

Un grand merci aussi à tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à cette aventure, rien n’aurait été possible sans eux. Correspondants, sympathisants, présidents d’associations, techniciens… Vous avez été les rouages d’une bien belle machine, rouages essentiels à son fonctionnement.

Je tire ma révérence à la tête de l’entreprise mais je reste dans l’équipe de la Scop du Crestois, mes journalistes m’ayant proposé de m’occuper de la publicité dans la nouvelle structure ; je vais enfin faire la connaissance des 35 heures et des congés payés, il paraît que c’est bien…

Si le tribunal de commerce de Romans décide de céder le journal Le Crestois à la Scop et de prononcer la liquidation de l’imprimerie du Crestois, les deux prochaines semaines seront consacrées à finir les travaux en cours, rendre les fichiers que nous avons sur nos serveurs à nos nombreux clients de l’imprimerie et commencer à vider puis nettoyer un siècle d’activité et de souvenirs familiaux…

Puis il nous faudra éteindre la lumière à l’atelier, pour la dernière fois. La tâche s’annonce ardue.

Jean-Baptiste Bourde

Ardéchois cœur fidèle

Un grand merci à Stéphane Volle de l’imprimerie Cévenole à Coux qui a accepté, du soir pour le lendemain matin, d’imprimer une partie de ce journal. Notre presse offset étant tombée en panne dans la soirée de mercredi, l’imprimerie Cévenole a pu nous sauver en imprimant la fin de ce journal dans la journée de jeudi.

Dans les premières années de sa vie, Le Crestois était imprimé en Ardèche, j’y vois un clin d’œil malicieux de mes ancêtres, qui m’ont contraint à un retour aux sources pour ce dernier numéro qui devait être imprimé à Crest.

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L’équipe élargie du journal et de l’imprimerie, en 2018

Article publié dans Le Crestois du 9 juin 2023

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