Les actus à découvrir dans le journal de la Vallée

                

Le Crestois, toujours en transition

Un an et quatre mois après la reprise du journal, la Scop Le Crestois s’adapte pour se consolider.

Six-mille-quatre-cent-soixante-six ! C’est le nombre d’éditions du Crestois publiées depuis ce fameux mois de mai 1900… Pouvait-il simplement imaginer, M. Joseph Bruyère, que son journal (deux pages à l’époque), qui se faisait le défenseur des valeurs et des mœurs les plus conservatrices, deviendrait ce qu’il est aujourd’hui devenu ? Sans doute pas. Sans doute n’aurait-il pas non plus, d’ailleurs, imaginé qu’un jour le Crestois deviendrait ce « journal de la vallée », humaniste et ouvert à tous, que ses successeurs ont inventé après lui…

L’épisode du printemps 2023 restera sans doute l’un des plus profonds bouleversements dans la longue histoire du Crestois. Souvenez-vous… En mars 2023, l’entreprise familiale fut plongée dans les affres de la justice commerciale, après avoir affronté vaille que vaille les multiples crises traversées par notre économie, et en particulier celle de l’imprimerie. Était arrivée l’heure de la liquidation. Quatre intrépides amoureuses et amoureux du journal et de la presse indépendante se lancèrent alors dans un défi un peu fou : sauver ce journal si utile et tant aimé dans le pays crestois. Trois journalistes maison – Laure-Meriem Rouvier, Clément Chassot, Martin Chouraqui –, et une administratrice nouvellement arrivée – Perrine Quénu.

Fort d’un incroyable soutien populaire, notre jeune équipe est parvenue à convaincre le tribunal de commerce de Romans-sur-Isère, qui a accordé, le 16 juin 2023, la cession de l’hebdomadaire plus que centenaire à la Scop Le Crestois, en même temps qu’il actait la fin de l’imprimerie. Si nous avons pu être soulagés, à l’époque, d’avoir « sauvé » le journal, savions-nous seulement dans quelle aventure nous nous embarquions ? Sans doute pas… mais qu’importe ! Le 14 juillet 2023, une équipe de sept salarié·es, accompagnée par une myriade d’Amis du Crestois, lançait la nouvelle mouture du Crestois.

PREMIER BILAN

Soixante-six numéros plus tard, nous pouvons déjà esquisser un premier bilan de cette belle entreprise coopérative. Des réussites, d’abord : chaque vendredi depuis un an et quatre mois, le Crestois est fidèle au rendez-vous de ses lecteurs et lectrices (le jeudi soir sur le-crestois.fr pour les plus assidu·es). Et notre équipe peut s’enorgueillir d’avoir édité un journal local de belle facture ! Le Crestois n’est certes pas parfait (qui prétendrait l’être ?), mais il répond sans conteste à ses missions principales : informer sur l’actualité de la vallée (culturelle, associative, citoyenne, économique), faire réfléchir et, autant que possible, faire sourire…

Deux indicateurs de cette réussite : les ventes du journal au numéro sont assez bonnes (1 100 exemplaires vendus en moyenne chaque semaine chez nos revendeurs), et les abonnés sont toujours au rendez-vous, même si nous les aimerions un peu plus nombreux (910 pour la version papier, 200 pour le numérique).

Deuxième réussite : l’engouement suscité par le projet de reprise en Scop, qui s’est incarné dans l’association des Amis du Crestois, ne s’est pas démenti depuis. Une grande fête pour le journal, des Cafés Crestois en veux-tu en-voilà, des ventes à la criée sur le marché de Crest (et maintenant sur celui de Saillans) et, bientôt, de nouvelles initiatives dont nous ne manquerons pas de vous parler dans les semaines à venir… Merci mille fois pour cet inestimable soutien !

Soixante-six numéros plus tard, si l’essentiel a été atteint, tout ne s’est pas pour autant déroulé aussi bien qu’on aurait pu l’espérer… Aujourd’hui, notre situation est fragile, pour ne pas dire très fragile. Le Crestois, comme ses semblables de la presse indépendante, n’est pas épargné par la morosité d’un secteur qui semble en crise perpétuelle. Depuis la reprise, notre trésorerie a donc été peu à peu grignotée par des dépenses que nous n’avions pas suffisamment anticipées : ressources humaines (et en particulier les remplacements de congés, indispensables pour notre petite équipe), mais aussi coût de l’impression (le journal est désormais imprimé à Vitrolles, dans les Bouches-du-Rhône, par la Scop SMP). Pleine d’enthousiasme après la reprise, notre équipe a voulu éditer un journal toujours plus fourni et complet. 24, 28, voire 32 pages ! Outre les coûts d’impression plus élevés qu’attendus, notre équipe a aussi souffert de ce rythme trop intense.

Quoi qu’il en soit, à l’été 2024, il nous a fallu drastiquement « serrer la vis », pour éviter… de dévisser. Première décision, que vous aurez sans doute constatée : le passage à un format de 16 pages, plutôt que les 20 ou 24 habituelles. Un format qui nous pousse aujourd’hui à une forme de gymnastique pour continuer à publier toutes les contributions qui nous sont envoyées (Dieu sait qu’elles sont nombreuses !), mais dans des délais parfois plus étirés. Profitons-en pour passer un message à celles et ceux qui souvent nous écrivent : s’il vous plaît, autant que possible, écrivez court !

RÉDUIRE LA VOILURE

Outre cette réduction de format, et en conséquence de celle-ci, nous avons aussi décidé de diminuer nos effectifs : un poste de journaliste a été supprimé. Laure-Meriem Rouvier a saisi l’occasion de cette réorganisation pour partir vers d’autres aventures, et ce à compter de la fin du mois d’octobre. Celles et ceux qui ont suivi les péripéties du Crestois savent que Laure-Meriem était également gérante de la Scop. Aussi, le mardi 15 octobre, nous avons procédé à une assemblée générale pour désigner un nouveau gérant. C’est Clément Chassot qui hérite de cette délicate mission. Notons au passage que Philippe Multeau, notre éditeur-webmaster, est devenu associé de la Scop. Autre mesure d’économie : le poste d’administratrice, assurée par Perrine Quénu passe de 35 à 21 heures. Une partie de ses missions reviendra donc à notre cabinet d’expertise comptable (Gravir). L’autre sera reprise par notre équipe.

Nous avons donc « réduit la voilure », mais pas nos ambitions. La première : continuer à faire vivre le Crestois pour assurer notre vocation première, vous informer. La seconde : poursuivre et renforcer notre projet coopératif en mettant l’humain au cœur de la vie de l’entreprise. Enfin, nous développer pour préparer l’avenir : le Crestois est doté d’un site Internet depuis 2014, mais n’est pas allé au bout de sa transition numérique. En 2025, nous achèverons cette transformation, faute d’y être parvenus jusqu’ici. Le projet est bien avancé, et nous vous en reparlerons très bientôt.

Si nous sommes profondément attachés au « papier », nous savons aussi qu’un titre de presse, au XXIᵉ siècle, ne peut survivre que s’il propose à ses lecteurs une plateforme numérique lisible, accessible à tous et facile d’utilisation.

Pour donner une assise plus sûre au Crestois, nous avons encore, lecteurs et lectrices, besoin de vous. Il va nous falloir, entre autres, gagner des abonnés pour financer cette transition numérique. Avec un objectif à remplir d’ici la fin de l’année : 1 000 abonnés à la version papier du journal ! N’hésitez pas à en parler autour de vous (lire ci-dessous) !

À bientôt pour des nouvelles du Crestois et d’ici-là… bonne lecture et à vendredi prochain !

La Scop Le Crestois

equipe crestois 2024
Au repas des contributeurs et contributrices du Crestois, le vendredi 27 septembre, à la chapelle des Cordeliers

Article publié dans Le Crestois du 18 octobre 2024

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