Pyrale du buis : les conseils de Lysandra
Que faire contre la pyrale du buis ? Lysandra propose des solutions pour lutter contre ce fléau qui met toute la vallée en alerte.
« Nous avons été interpellés à de nombreuses reprises en cette fin d’été au sujet de l’attaque spectaculaire et fulgurante de la pyrale du buis dans les vallées de Gervanne et de Sye (comme un peu partout d’ailleurs). Il est vrai que ce ravageur a déjà provoqué des dégâts bien visibles et les incroyables nuées de papillons autour des lampadaires le soir ne présagent rien de bon pour nos paysages et nos jardins où le buis est omniprésent. Alors que faut-il faire ? Chacun y va de ses recherches sur le web où l’on trouve à peu près tout ce qu’il faut savoir sur le cycle biologique de l’espèce et les moyens de lutte contre ce papillon invasif originaire d’Asie.
Parmi les méthodes proposées, le traitement à base de Bacillus thuringiensis est assez largement plébiscité, car la toxicité générale du produit est considérée comme faible pour l’environnement. Il s’agit d’un micro organisme qui bloque le système digestif des chenilles qui se nourrissent des feuilles. Pour que le produit soit efficace il faut parfaitement observer le cycle des pyrales et ne traiter qu’au moment opportun où les chenilles sont actives. Or jusqu’à trois générations de pyrales peuvent s'observer sur l’année ce qui complique. Il faut aussi absolument éviter de le pulvériser sur d’autres végétaux que le buis car le produit détruirait ainsi la petite faune et toutes espèces de papillons indigènes qui se nourrissent naturellement de leurs feuillage. Ce traitement n’est donc pas anodin !
Il existe aussi des pièges à phéromones qui permettent de capturer les pyrales mâles mais ils sont relativement onéreux, pas forcément sélectifs et il faut en placer beaucoup avec un tel pullulement.
Le système de la bassine d’eau avec du liquide vaisselle et une lampe baladeuse posée à proximité la nuit semble bien fonctionner (voir la page Internet de la commune de Choranche) mais présente l’inconvénient de ne pas être sélectif non plus (tous les papillons nocturnes se font prendre).
La méthode de lutte manuelle consistant à retirer les chenilles de pyrale (non urticantes) ou les cocons en phase d’hivernage reste la plus simple et la plus économique pour protéger quelques buis isolés. Dans tous les cas, aucune de ces méthodes ne peut s’appliquer aux buxaies en milieu naturel.
Enfin, face à l’ampleur de l’attaque, la tentation d’utiliser des pesticides chimiques dans les jardins pourrait bien se faire prégnante. Évidemment cette option s’avèrerait au final catastrophique et totalement contreproductive, en empoisonnant davantage nos écosystèmes, en affaiblissant encore nos populations d’abeilles et de pollinisateurs et par répercussion, en affectant les prédateurs des pyrales comme les chauves-souris ou les oiseaux !
En définitive il n’existe à ce jour aucune solution pour enrayer efficacement cette invasion qui résulte non pas d’un dysfonctionnement de la nature mais bien de la mondialisation et ses échanges commerciaux. Il est d’ailleurs très probable que nous ne puissions compter au final que sur la biodiversité et la résilience des écosystèmes pour stabiliser la situation. Certains prédateurs, comme la mésange bleue, sont déjà en train de s’adapter à cette nouvelle proie.
En attendant, le maintien des arbres à cavités, des berges boisées sur nos cours d’eau, la pose de nichoirs pour les mésanges, la conservation des chauves-souris dans nos maisons et jardins et toutes les attentions que nous pouvons porter à la nature seront les bienvenues.»
Gérard GRASSI
Contact : association LYSANDRA Éducation Environnement - Beaufort-sur- Gervanne - Tél. : 04 75 57 32 34 - assolysandra@aliceadsl .fr
Article paru dans Le Crestois du 16 septembre 2016