La mort qui tue, mais pas trop quand même
La Gare à coulisses offrait son spectacle mortel pour Halloween...
C’est un cadeau fait par les artistes de la Gare à coulisses, mais qui tombe de manière aléatoire en fonction de l’inspiration du moment. Le spectacle « La Mort qui tue », programmé à Halloween, a donc fait son grand retour cette année.
Les plus assidus de la Gare à coulisses se souviennent de quelques précédentes versions, il y a une dizaine d’années, en petit comité, où quelques malheureux parents, sans solution de garde sans doute, avaient eu l’idée saugrenue d’emmener leurs enfants. Lesquels se souviennent peut-être encore, avec terreur, du striptease horrifique d’une chanteuse zombie particulièrement sanglant !
Rien de tout cela cette année, où les artistes en résidence et les habitués de la Gare ont su recréer avec talent un Jour des morts mexicain, tradition née au début du XXe siècle pour valoriser la nation mexicaine – un mélange osé de religions, de culture espagnole et natives mais aussi de couleurs, et de squelettes pas effrayants pour un sou. De très nombreux spectateurs avaient pris l’invitation au mot, et étaient venus grimés singulièrement en Frida Kahlo sans son handicap (Le Crestois a cru voir la même jeune fille vingt fois !) ou en déguisements variés sur le thème d’Halloween.


Le très nombreux public était donc convié, en amuse-bouche, à déambuler parmi les différents stands où se cachaient, derrière leur maquillage plusieurs habitués de notre hebdomadaire dont, bien-sûr, l’incontournable Gilles Rhode en maître de cérémonie. Là, petits et grands étaient invités à trinquer avec un zombie, ici à lancer des têtes de poupée sur des crânes (« si vous gagnez, un bonbon, si vous perdez, un caillou ! »), là à tourner la roue de la transfiguration et à se transformer en moustique… Le tout avec boisson et soupe offerte, histoire de patienter avant une petite restauration.
INFORTUNÉ STEVEN
S’en est suivie une déambulation menée de main de maître par les tambours de la Muerte, accompagnés de la Princesse de l’au-delà et de deux grands squelettes aussi bien faits que sympathiques, dans une ambiance délirante. Et d’autant plus qu’il s’agissait de leur « ultime » tour de piste selon Gilles Rhode… Bravo à eux ! Perchée sur des échasses, la Princesse de l’au-delà s’est ensuite affairée à trouver un mortel parmi le public au son des tambours endiablés. Après plusieurs essais, elle a jeté son dévolu sur un dénommé Steven.
Le malheureux fut sans ménagement embarqué directement sur scène, contraint de mener à la baguette (ou plutôt à l’os) un orchestre de squelettes déchaînés. Puis le pauvre gars, sous les cris et les rires du public, fut entraîné progressivement à monter sur une plate-forme, et de fil en aiguille s’est retrouvé pendu par les pieds dans le vide ! De quoi faire frissonner les hommes du public, s’imaginant à deux doigts de se retrouver à sa place, s’il avait été choisi par la terrifiante princesse.
Mais auraient-ils pu subir le même sort ? À la suite de ce spectacle époustouflant, hommage fut rendu à Gilles Rhode et Brigitte Burdin, fondateur de la Cie Transe express. Et qui retrouvait-on parmi les convives, sur la scène ? Notre Steven qui, il faut le reconnaître, a joué parfaitement la victime du soir. À moins qu’il fusse là par hasard. On ne sait jamais, dans les spectacles de « La mort qui tue », tout est possible.
Blandine Flipo

Article publié dans Le Crestois du 7 novembre 2025
