La guerre d'Alan
C'est Emmanuel Guibert qui a remporté cette année le Grand Prix du festival de BD d'Angoulême pour l'ensemble de son œuvre.
Au mois de janvier, l’actu littéraire c’est le Festival de la Bande Dessinée d’Angoulême qui, comme chaque année, rassemble la crême de la BD internationale et une foule de passionnés. Cette année est un grand cru avec 43 bandes dessinées faisant partie de la sélection officielle de cette quatrième édition. Parmi ces ouvrages, notons la présence de IN Waves de AJ Dungo, grand prix de la BD Fnac Inter, décerné au début du mois.
Cette année, c’est Emmanuel Guibert qui a remporté ce mercredi le Grand Prix du festival international de la bande dessinée d'Angoulême. Fréquentant les auteurs de la toute jeune maison d’édition L’Association, il commence à publier des récits dans la revue Lapin, et intègre l’atelier des Vosges au côté notamment d’Émile Bravo, Christophe Blain et Joann Sfar. Sur un scénario de ce dernier, il dessine La fille du professeur, Alph’art coup de cœur et Prix René Goscinny au Festival d’Angoulême en 1998.
Au tournant des années 2000, Emmanuel Guibert débute la publication d’un projet ambitieux : La guerre d'Alan, une suite d’albums inspirés par les souvenirs de son ami américain Alan Ingram Cope. Ce magnifique travail se prolonge dans Le Photographe (trois volumes de 2003 à 2006), inspiré des souvenirs et des photos rapportés des voyages en Afghanistan avec Médecins sans Frontières par le photo-journaliste Didier Lefèvre.
Un intérêt pour l’autre que l’on retrouve aussi bien dans Des nouvelles d'Alain, livre sur les communautés roms d'Europe réalisé avec Alain Keler, que dans l’irrésistible série pour la jeunesse Ariol qu’il crée en 2000 avec Marc Boutavant au dessin.
Le Grand Prix couronne un auteur complet, dessinateur innovant et narrateur hors pair, dont l’œuvre pour adultes comme pour enfants est empreinte de la plus grande humanité.
Boris Transinne
Article paru dans Le Crestois du 7 février 2020 dans le cahier Mag'