Roman : L'Arbre Monde
Le prix Pulitzer 2019 est un fabuleux roman "écolo" qui met les arbres au centre des conditions de la survie de l'espèce humaine.
Le monde comptait six billions d’arbres quand les humains sont apparus. Il en reste aujourd’hui la moitié, dont la moitié encore aura disparu dans seulement cent ans. Ça vous fiche le vertige ? Écoutez encore ceci : nous perdons actuellement dans le monde l’équivalent d’un terrain de foot de forêt à chaque seconde qui passe. Un bilan terrifiant.
Vous l’avez compris, le roman de Richard Powers, "L'Arbre Monde", prix Pulitzer 2019, place les arbres au premier plan et dresse le constat accablant : c’est le manque de considération des humains pour les végétaux qui causera, dans un proche avenir, la disparition de notre espèce.
Après des années passées seule dans la forêt à étudier les arbres, la botaniste Pat Westerford en revient avec une découverte révolutionnaire sur ce qui est peut-être le premier et le dernier mystère du monde : la communication entre les arbres. Et si tous les arbres de la planète étaient inter-connectés dans une sorte de conscience collective totalement lucide sur le sort que nous leur faisons subir ?
Autour de Pat, vont s’entrelacer les destins de neuf personnes qui peu à peu vont converger vers la Californie pour défendre, dans une sorte de ZAD, des arbres pluri-centenaires menacés d’abattage par le monde des hommes et de l’argent devenu fou.
Au fil d’un récit aux dimensions foisonnantes, Richard Powers explore ici le drame écologique et notre égarement dans un monde virtuel totalement déconnecté de notre planète et des autres espèces qui y vivent. Un roman passionnant, ébouriffant, presque mystique, dont on ne sort pas indemne et qui rendrait “écolos” même les plus farouches climato-sceptiques ou les plus ardents défenseurs de notre libéralisme sauvage. Un livre magnifique.
Philippe Multeau
L’Arbre Monde, roman de Richard Powers (2018), paru aux éditions 10/18
Article paru dans Le Crestois du 14 février 2020 dans le cahier Mag'