Roman : Arène
Un roman choral qui rassemble tous les maux de la société urbaine.
Pour étrenner ces chroniques littéraires confinées, je vous propose de découvrir Négar Djavadi et son dernier ouvrage, "Arène".
Négar Djavadi est née en Iran en 1969 dans une famille d’intellectuels, opposants au régime du Shah puis de Khomeiny. Elle arrive en France à l’âge de onze ans après avoir traversé les montagnes du Kurdistan à cheval avec sa mère et sa soeur.
Elle est aujourd’hui scénariste, aussi bien de documentaires que de séries. En 2016, elle publie, chez Liana Lévi, son premier roman, "Désorientale", une fiction entre Orient et Occident pour laquelle elle a obtenu une vingtaine de prix littéraires en France et qui a été traduite en une dizaine de langues. "Désorientale" est un récit écrit sous forme de monologue foisonnant où s’entrecroisent l’histoire des Sadr sur trois générations, la jeunesse et l’ivresse du rock, les confidences chuchotées dans la salle d’attente d’un cabinet médical.
Après un tel succès, son deuxième roman était attendu avec impatience mais aussi appréhension par ses lecteurs. "Arène", roman social contemporain, réussit brillamment l’épreuve.
Benjamin Grossman, 35 ans, est un jeune dirigeant d’une plateforme américaine de diffusion de séries aux millions d’abonnés. De retour dans le Xe arrondissement, son quartier natal, il se fait voler son portable... C’est l’élément déclencheur d’une spirale de violence dont aucun des protagonistes ne sortira indemne.
Ce roman choral rassemble tous les maux de la société urbaine : les nouveaux parvenus de la net économie et les laissés pour compte des banlieues, l’emprise des réseaux sociaux, l’errance des migrants, des politiciens opportunistes et un prêcheur médiatique, une bavure policière, les règlements de compte de bandes rivales : une fiction âpre avec l’Est parisien comme arène.
Hélène Mée
Article publié dans Le Crestois du 13 novembre 2020