Fin de combat
Le dernier volume de l'autobiographie de Karl Ove Knausgaard, écrivain considéré comme "le Proust norvégien", est d’une beauté à couper le souffle.
Karl Ove Knausgaard est un écrivain norvégien. Son oeuvre composée de six tomes rassemblés sous le titre « Mon combat », explore, sans souci de chronologie, sa vie depuis son enfance jusqu’ à la quarantaine.
L’écrivain s’y livre à une introspection, sans pudeur, de son existence et de celle de son entourage.
Cela suscita en Norvège, de nombreuses polémiques sur le rapport entre littérature et vie privée. Tout au long de cette saga de 4800 pages, l’écrivain effeuille la réalité couche après couche. Il nous relate sa vie avec minutie, ne nous épargne aucun détail : goûter d’enfants, repas entre amis, petites lâchetés quotidiennes, obsessions.
« Fin de combat », sixième et dernière partie de son cycle autobiographique a été publiée en France cet automne et a obtenu le prix Médicis Essai.
Les cinq premiers tomes sont parus en Folio. Chacun des tomes peut être lu isolément mais, pour comprendre la genèse de ce récit, il semble préférable de commencer par « La mort du père ».
Dans « Fin de combat », tout en nous faisant pénétrer intimement dans sa vie familiale avec ses jeunes enfants, Karl Ove Knausgaard nous relate le conflit qui l’opposa à son oncle lors de la publication de « La mort du père ».
En prétendant que l’auteur affabule sur la déchéance du père, l’oncle menace de faire interdire le livre. S’interrogeant sur la véracité des souvenirs, l’écrivain accepte de modifier son texte mais il est envahi par le doute sur la possibilité de créer une oeuvre littéraire décrivant sans fard l’entière réalité.
La deuxième partie du livre est une trop longue digression philosophico-littéraire où il convoque, entre autres, Hitler et le nazisme. Dans la troisième partie, il achève son oeuvre, enfin apaisé, envahi par une joie profonde en savourant l’idée d’avoir terminé son oeuvre et « de ne plus être écrivain ».
Considéré comme le Proust norvégien, Karl Ove Knausgaard a une écriture foisonnante, d’une beauté à couper le souffle. Cependant, dénuée de romanesque, cette autobiographie ne convient pas à un lecteur souhaitant être tenu en haleine par une aventure trépidante.
Bonne lecture !
Hélène Mée
FIN DE COMBAT
par Karl Ove Knausgaard
Paru aux Editions Denoël
Article publié dans Le Crestois du 4 décembre 2020