La félicité du loup
Un roman qui nous plonge avec délice dans cet univers de glaciers, de refuges et d’humanité.
Il avait intrigué, cet Italien de 39 ans, surgi de nulle part, avec son premier roman Les huit montagnes qui recevait, en 2017, le prix Médicis du roman étranger. Intrigué, puis émerveillé par la pureté et la simplicité de sa langue quand il parlait de montagne. Il trouvait ces mots qu’on cherchait depuis toujours pour décrire le monde des hauteurs sans clichés ou lieux communs.
Une montagne immobile et éternelle où les humains vivent leur existence parfois émouvante, souvent dérisoire. La vie de simples gens, leur souffle givré, l’odeur du feu de bois, le silence de la neige et le bruit du vent. Des hommes et des femmes qui se rencontrent, partagent, s’éloignent avec leurs soucis quotidiens et leurs rêves intimes. La vie dans ce monde minéral et glacé où la chaleur, les fleurs et les animaux ne font qu’un passage saisonnier mais triomphant.
C’est un peu de son histoire qu’il raconte, ce citadin parti se perdre dans les vallées du Val d’Aoste mais aussi s’y retrouver homme et écrivain. Il ne cache pas son admiration pour celui qu’il considère, à raison, comme l’un des plus grands auteurs « de montagne », Erri de Luca à qui on doit un chefd’oeuvre de 70 petites pages, Le poids du papillon, à lire sans attendre (Folio / Gallimard).
Il serait sûrement gêné, notre montagnard baraqué à la crinière et à la barbe aux reflets roux et à la voix feutrée, qu’on dise que l’élève a rattrapé son maître. Car ce n’était pas une fulgurance littéraire accidentelle et la publication de La félicité du loup nous replonge avec délice dans cet univers de glaciers, de refuges et d’humanité.
Bernard Foray-Roux
LA FÉLICITÉ DU LOUP
Ed. Stock, 18,50 €, 214 pages... de bonheur !
Article publié dans Le Crestois du 26 novembre 2021