Le jeune femme et la mer
Si vous êtes attiré par le Japon ou tout simplement si vous aimez être dépaysé, je vous conseille vivement de vous plonger dans ces pages ! Une bande dessinée poétique, colorée, fascinante et drôle.
Catherine Meurisse, dessinatrice de presse et auteure de bande dessinée, est partie à plusieurs reprises au Japon en quête d’inspiration. De ces voyages initiatiques est né cet ouvrage.
« Je voudrais peindre la nature », affirme la jeune femme dans l’album. Le vieux monsieur qu’elle rencontre, lui, voudrait « peindre une femme ». Mais la femme tout comme la nature est difficile à peindre. Elle a de multiples visages, elle est instable. Un jour douce, le lendemain déchainée, les deux artistes se sentent dépassé par sa complexité.
Au fil des pages, la nature et les personnages se succèdent. Nami, la jeune femme de l’auberge thermale où les deux artistes séjournent, est bien mystérieuse. Libre comme l’air, elle a de nombreux amants et semble liée aux éléments naturels. Au gré des déambulations des deux artistes, un tanuki (animal mythologique de la culture nippone) surgit pour aider l’artiste à décrypter les éléments qui l’entourent.
La jeune femme et la mer est un très bel ouvrage. Les personnages, contourés à l’encre noire se détachent des paysages. Catherine Meurisse sait croquer ses personnages de manière réaliste et caricaturale, pour les rendre uniques. Les paysages, quant à eux, ont des allures d’estampes japonaises. À mi-chemin entre une conception occidentale qui place la nature au second plan et une conception orientale dans laquelle la nature est le personnage principal avec lequel nous interagissons, le livre questionne la place de l’Homme dans la nature et le recours à l’art pour saisir les paysages qui disparaissent.
Avec beaucoup d’humour et de poésie, cet album replace l’homme face à la grandeur de la nature, à la fois muse et dévastatrice.
Zoé Multeau
LA JEUNE FEMME ET LA MER
Bande dessinée de Catherine Meurisse
Editions Dargaud
© Éditions Dargaud