Los Trobadors daus Tres Becs offre un hommage à Marc Pinet

L’association crestoise publie un livre des textes en occitan de son ancien président, Marc Pinet.

Los Trobadors daus Tres Becs réunit seize pièces de théâtre, chansons et poésies écrites par Marc Pinet, président de l’association crestoise pendant dix ans, disparu en 2020.

L’actuel président, Joël Mandaron, et le spécialiste de l’occitan dans la vallée de la Drôme, Christian Espinas, ont tenu à lui rendre un hommage écrit en réunissant la quasi-totalité de ses créations dans un livre en occitan. Marc Pinet passait son temps entre sa ferme et son bureau. Un petit bureau posé au bord de la fenêtre qui donne sur ses trois Becs adorés, « sa roche », comme il disait.

De son écriture habile et fine, à peine lisible tellement elle était petite, il remplissait les pages de son bloc-notes toujours ouvert. Il écoutait les anecdotes du village de Piégros où il a passé sa vie et s’en inspirait.

Grand humaniste, il aimait les gens et se donnait pour eux sans compter, pour leur offrir une parenthèse de bonheur, un après-midi de souvenirs…

Il aimait aussi écrire sur les mentalités changeantes et, parfois, s’en désolait, car il ne retrouvait plus ce monde d’antan qu’il aimait tant. C’était un homme du bien, du bon et de la bonne humeur, un observateur du monde, un visionnaire parfois et un amoureux de la terre. Autant de sources d’inspiration que de mots notés ici ou là pour finir en poésies ou textes pleins de piquant et de morale. D’ailleurs, ses amis se souviennent des longues discussions avec l’auteur autour d’un sujet qui suscitait souvenirs et sourires.

Le livre reflète toutes ces histoires du pays, en occitan, car c’est plus drôle ! Certaines sont traduites, mais d’autres demandent un peu plus d’attention pour comprendre le sens du message. Quand Marc avait fini un texte, il le soumettait à Christian Espinas, qui corrigeait et arrangeait avec lui. Car Christian est le maître en occitan: « Depuis le premier jour de ma vie, j’entends parler occitan et je suis autodidacte dans le travail de relecture et d’écriture », raconte-t-il.

Quant à JoëlMandaron, il se félicite de la qualité de l’ouvrage de Marc Pinet : « Je pense que c’est un des très rares livres qui paraît en occitan depuis une centaine d’années. »

Quand tout dans les textes théâtraux était calés, y compris les positions des acteurs sur la scène et la musique d’accompagnement, les adhérents de l’association le jouaient, en chanson ou en saynète, dans les établissements pour personnes âgées ou devant un public averti.

TRANSMETTRE L’OCCITAN: A DIU SIASSES MARC

« Il était important pour nous d’essayer de conserver le mieux possible les écrits de Marc, et le livre nous est apparu comme une évidence. De plus c’est un ouvrage de transmission, ce à quoi il tenait beaucoup », explique Christian Espinas. C’est d’ailleurs lui qui a fait le plus gros travail d’édition : la recherche de photos, la mise en forme et le classement des nombreux textes. « J’ai mis à peu près tous ses textes, sauf un, auquel Marc tenait beaucoup mais qu’il n’a jamais voulu jouer en public, précise l’occitaniste. Il raconte une histoire réelle de Clastrois, nous ne voulions gêner personne. Nous avons aussi le dernier texte de Marc qu’il a écrit au début du confinement, face aux Trois Becs, quelques jours avant sa disparition. Un texte intitulé « Le voisin », une vision du monde noyé dans la crise sanitaire. »

Au début du livre, les deux amis proposent un petit lexique qui traduit quelques mots de l’occitan en français, avec des explications pour la prononciation et l’accentuation. De quoi s’entraîner un peu !

Puis, c’est un plongeon dans les textes, les Parisiens… pour ne citer qu’eux. En fin d’ouvrage, ce sont quelques chansons dont l’hymne de l’association, créé et mis en musique par un copain de Marc Pinet, Maurice Bérard. La dernière page est une page d’adieu à leur ami : « A Diu Siasses Marc ».

Le livre a été financé par l’association Los Trobadors daus Tres Becs, qui se réunit, en temps normal, le vendredi après-midi. Les adhérents travaillent des textes et perfectionnent leur occitan. Ainsi, une anecdote vient à l’esprit de Christian Espinas : « Pourquoi appelle-t-on les Ardéchois les Bedos? Le territoire de l’Occitanie fait une pointe vers Annonay, c’est le Bec d’Oc, traduit plus tard par Bedos ! »

Ils aiment promouvoir cette langue qui rappelle à beaucoup l’interdiction de parler occitan à l’école alors qu’en famille, c’est la langue universelle.

Le livre, imprimé au Crestois, est disponible auprès de Joël Mandaron au 06 78 95 09 11.

Corinne Lodier

Article publié dans Le Crestois du 4 février 2022

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