Fais de ta vie un poème !

Martin Delamontagne tente de faire de sa vie un poème à livre ouvert. Entre "dark" et lumière...

Le jeune Crestois d’adoption Martin Delamontagne a sorti son premier livre, Fais de ta vie un poème, comme une thérapie à son « pétage de plomb ». Il a tout juste 25 ans, revient d’un tour de France durant lequel il a rencontré des gens, des anciens, et surtout de « belles âmes » comme il dit ; il a toute une foule d’anecdotes. Ce pèlerinage lui a permis de décrocher du « dark », ce mot qu’il emploie encore facilement toutes les trois phrases.

Car c’est de ce noir profond qu’il ressort : une vie dans l’évènementiel, un univers noir où les addictions sont nombreuses, une histoire intime, toxique et destructrice par laquelle il a atteint « le fond ». Recueilli par la famille de son ami de la Crad’eau, Médérick Bon, à Crest, il se reconstruit tout doucement grâce à l’ambiance de la vallée de la Drôme et à ses « parents d’adoption ».

Mais son projet à lui va plus loin : « Je décide de prendre ma petite voiture et de partir à la rencontre des gens pour donner un sens à ma vie », raconte-t-il encore timidement. Il charge donc une glacière, un sac à dos, de quoi dormir et budgétise 10 € par jour en espérant pouvoir vivre deux ou trois mois comme ça, « pour me redécouvrir, précise Martin. Je me projette dans le délire de rapporter ce que j’entends raconter dans les régions, les légendes, les conflits… Je découvre ainsi la France et je me lance le défi de publier un livre de mon voyage qui va s’étendre finalement de septembre 2018 à janvier 2019. Mon livre est publié en mai 2021. »

SALUT, FRANCE !

La photo de couverture de ce livre veut tout dire et s’interprète à la guise et selon le vécu de chacun : Martin est de dos, face à un trou de lumière, un paysage de plage et de mer, un trou de lumière dans son univers « dark ». Il raconte son plongeon dans la dépression, puis ses rencontres avec de très belles âmes, en partant d’Etoile-sur-Rhône, en passant par Crest, en route vers Lyon, Paris, la Normandie puis la côte Atlantique pour un retour par le Pays Basque. Déjà en préparation, le tome deux fera état de son périple en Espagne et dans les Pyrénées avant un retour dans la Drôme.

« Je voulais parler d’une France belle, découvrir mon pays, car on a vraiment un pays de dingue, s’enthousiasme l’écrivain. Je veux montrer la beauté de la France, découvrir ses habitants. Je ne veux pas cultiver le négatif, comme les médias peuvent le faire. D’ailleurs, je n’ai plus de télévision et je n’écoute plus les informations, c’est anxiogène au possible ! »

C’est ainsi que, du bout de son crayon, avec un stock de papiers, petits et grands carreaux, quadrillés ou blancs, il écrit, il note. Pas un mot ne lui échappe, pas une remarque ne passe à côté de ses oreilles attentives. Il cherche la lumière dans les yeux des gens, dans leurs sourires, leur vie et leurs anecdotes.

Son lieu préféré : « Les PMU, c’est le cœur du pays. J’y ai trouvé les plus belles personnes de mon pèlerinage. En Normandie, je pénètre dans un PMU où les anciens du village sont en train de se marrer. Quand je rentre, bien sûr, ils me remarquent, un mec pas d’ici, en vadrouille… Je raconte un peu mon voyage et eux prennent plaisir à me narrer leurs histoires du pays, le débarquement, l’alcool local, les plats et les fêtes d’ici… ». « Pour finir, la serveuse, aussi intriguée qu’eux, me propose de manger au restaurant avec des amis à elle sur le port, poursuit le jeune homme. Elle me propose de m’héberger, c’est la première fois que je dors chez l’habitant, une grande expérience ! Car là, je découvre que je suis en France et que ça existe vraiment ! J’en éprouve un sentiment énorme… encore de belles lumières dans un monde Dark. Je suis fan des valeurs de notre pays : liberté, égalité, fraternité ! »

« En descendant dans le marais Poitevin, enchaîne Martin Delamontagne, j’arrive avec ma petite voiture et me gare à côté d’une salle des fêtes d’où s’échappent des discussions. Je rentre pour demander de l’eau. Un des participants se détache du groupe pour savoir ce que je fais. Il tombe fan de moi, laisse tomber sa réunion jusqu’à ce qu’on le rappelle à l’ordre ! Ils ont cru que je faisais partie de l’équipe de Nu et culotté, l’émission de Nans et Mouts. Cet homme est d’une générosité sans pareil : alors qu’il me demande de l’attendre au café, il revient, me sort un billet de 20 € et me dit d’aller dormir dans une auberge de jeunesse et de prendre un bon petit déjeuner, sans oublier de penser à lui ! »

HABITER L’ABÎME

Au fil de son périple, Martin se reconstruit doucement, voit de la lumière un peu plus chaque jour. Il rencontre une centaine de personnes en trois mois : « Des gens incroyables qui m’ont donné de la lumière malgré la part d’ombre qu’on a tous », raconte le baroudeur. Dès les premières pages de son livre, il plonge le lecteur dans son abîme, lui fait ressentir les claques de la vie. Certains s’y retrouveront et les mots leur parleront, peut-être poursuivront-ils leur chemin, guidés par les mots, les pensées, les expériences de ce jeune sorti de la noirceur… ou presque.

Du haut de ses 25 ans, Martin a affronté les tempêtes de la vie, sans attendre qu’elles lui laissent le temps de vieillir et d’apprendre. D’ailleurs, quand il exerce son métier (prof en communication à la Fac de Valence), il parle à des jeunes ! Ces derniers n’ont que quelques années de moins que lui, mais la vie lui a donné cette maturité précocement : « Je peux aborder tous les sujets avec eux car je pense que les jeunes ont besoin de connaître la lumière et le dark de la vie. Le côté lumineux de l’événementiel est éblouissant, mais je leur dis, ce sont aussi les addictions, les dérives… Deux mondes en un, et je ne dois pas leur mentir. »

Il est aussi entrepreneur avec sa propre société Utopia, qui propose de l’événementiel, de la communication… et peut partir à l’autre bout de la planète quand il veut, enfin quand il n’a pas cours !

À Crest, il repart sur le travail de fond de la Crad’eau avec son ami, Médérick et toute l’équipe de bénévoles. C’est sûr, cette année, la fête sera plus folle et le dark de Martin sera illuminé par la lumière de la Drôme.

Pour conclure, au moins ce tome 1, Martin avoue : « Je dois m’habituer à être heureux ».

Corinne Lodier

Plus d’infos : Retrouver Fais de ta vie un poème (éd. Sydney Laurent) à la Librairie La Balançoire, à Crest. Des nouvelles de Martin Delamontagne sur Facebook ou sur Instagram : @martinez26800

Article publié dans Le Crestois du 11 février 2022