La peau de l'autre, nouvelles lupines
Le journaliste Pierre-Louis Berger publie son troisième recueil de nouvelles, dont une partie est consacrée au loup.
De par son patronyme, il était semble-t-il prédestiné à écrire sur le loup. Journaliste valentinois à la longue carrière, aujourd’hui spécialisé dans l’agriculture, Pierre-Louis Berger a publié son dernier recueil de nouvelles en septembre 2022, intitulé La peau de l’autre, son sixième ouvrage.
Sur les douze nouvelles que compte ce livre, quatre sont consacrées au canis lupus, source interminable de débats sur sa gestion en France, plus un poème dédié aux Patous, ces chiens de protection. « Le fil rouge de La peau de l’autre, c’est l’homme face à la nature sauvage, explique l’auteur. On se demande qui est le prédateur dans tout cela... »
Pierre-Louis Berger est fasciné par le voyage. Depuis 1995, en reportage, il a sillonné l’Île Maurice, le Sénégal, le Cameroun, le Brésil et l’Amazonie, Madagascar ou encore Chypre. « Les voyages construisent l’écriture et l’écriture construit le voyage », aime-t-il répéter. « J’avais une matière incroyable et je voulais écrire des carnets de voyage, mais je n’arrivais pas vraiment à trouver une bonne approche rédactionnelle. Et je me suis lancé dans les nouvelles, avec l’actualité comme approche, parfois un peu d’autobiographie et peu d’autofiction. J’ai été beaucoup plus à mon aise ! ».
Son premier recueil de nouvelles, Noirs éclats, est publié en 2019. Pierre-Louis Berger éditera la même année un roman de science-fiction (Le mutant) et un polar autour de la centrale nucléaire de Cruas en 2020 (Radioactivité en sous-sol). Son deuxième recueil de nouvelles, D’un monde à l’autre, est sorti en 2020 également.
« LA FIN D’UN MÉTIER » ?
Mais pourquoi avoir choisi le loup comme personnage récurrent dans La peau de l’autre ? « En tant que journaliste, j’ai fait de nombreuses rencontres avec des bergers depuis une grande manifestation qui s’était organisée à Chambéry au début des années 2000, mais aussi dans le Vercors, où j’ai assisté à plusieurs réunions. C’est un thème d’actualité et je me suis dit qu’il fallait que j’écrive sur le sujet », explique- t-il.
Sur la question de la gestion de l’espèce, de plus en plus présente en plaine et notamment autour de Crest, les débats que cela entraîne entre agriculteurs qui alertent sur une disparition du pastoralisme et les défenseurs du loup, Pierre-Louis Berger estime que des solutions pourraient être trouvées, en parquant par exemple les loups dans des réserves naturelles. « Je me demande en fait si la profession d’éleveur ovin - mais aussi le pastoralisme - n’est pas condamnée à court et moyen termes. Les éleveurs ne sont, me semble-t-il, pas assez protégés par l’État et nous assistons peut-être à la disparition d’un métier. C’est plutôt inquiétant, alerte-t-il. La cohabitation est certes difficile mais je pense qu’il existe certaines solutions, en plus des mesures qui existent aujourd’hui. Il y a d’un côté des réserves de vie sauvage très importantes, comme celle de l’Aspas (association pour la protection des animaux sauvages, ndlr) à Léoncel, de 490 hectares, qui ne sont pas utilisées, et de l’autre, il y a des attaques de loup sur des troupeaux, car ils sont en totale liberté. Les loups prolifèrent et c’est donc légitime de se poser des questions. »
« J’essaie de soulever ces problèmes dans ce livre et je pense que c’est notre rôle, de journaliste ou d’écrivain, pas forcément de trouver des solutions », continue-t-il.
L’ouvrage de Pierre-Louis Berger est plutôt rythmé et son écriture est simple et agréable. Un livre qui vous fera voyager du Vercors à la vallée du Rhône, avec toujours la nature comme cadre de fond. La peau de l’autre est disponible sur Internet mais aussi dans les librairies la Balançoire de Crest et Notre temps à Valence. Il est possible aussi de le commander directement auprès de l’éditeur Esperle, à Grenoble.
Clément Chassot
Article publié dans Le Crestois du 27 janvier 2023