Aurélien Charle, l’historien des sports automobiles qui carbure au Crestois

Notre chroniqueur de « Carbu’ et compagnie » vient de sortir un livre retraçant cent ans de sports automobiles.

Nos lecteurs connaissent bien sa plume alerte et ultra-détaillée sur les voitures anciennes, une des rubriques, avons-nous découvert, parmi les plus lues sur le site internet du journal. Preuve s’il en est que les Français, à l’instar d’un certain Président de la République, « adorent » les bagnoles.

S’il en y a un qui les adore encore plus, c’est bien Aurélien Charle. Ce tout juste quadragénaire est tombé dedans quand il était tout petit. « C’est une passion qui m’a été transmise par mon père », raconte-t-il. « Enfant unique, j’avais beaucoup de temps seul, j’ai lu beaucoup de livres sur le sujet, on m’en offrait… » Durant sa prime jeunesse, il est de tous les rassemblements de tacots en tout genre.

À vingt ans, Aurélien est abonné à plusieurs magazines de vieilles bagnoles. Sa passion se mue en savoir, jusqu’à ce que le milieu des vieilles voitures ne l’adoube en historien de l’automobile, capable de reconnaître en un coup d’œil (ou presque) le modèle et l’année de production de n’importe quelle voiture ancienne. Et de vous énumérer, relax, les marques et modèles de voiture sorties l’année de votre naissance. Impressionnant.

L’histoire des sports automobiles n’a également aucun secret pour lui. Aurélien Charle vient ainsi de publier 100 ans de sports automobiles chez Larousse (octobre 2023). Cet ouvrage retrace cette passion de la course née quasiment en même temps que la voiture, à savoir en France (hé oui). La première épreuve automobile de l’histoire était un Paris-Rouen qui s’est déroulé durant l’été 1894. Aurélien tient à préciser les enjeux, un peu différents de ceux d’aujourd’hui : « Les compétiteurs roulaient à environ trente kilomètres à l’heure, mais la vitesse n’était pas le critère le plus important. C’était plutôt à qui consommait le moins et à quelle voiture était la mieux conçue. Les courses étaient basées sur un système de points récompensant la voiture allant le plus loin, la plus rapide et la moins chère à concevoir. » À ce petit jeu cet été de 1894, deux voitures ont brillé, se partageant le trophée ex-aequo : une Panhard & Levassor et une Peugeot, marque qui n’était pas près de se faire oublier.

DE DION-BOUTHON À LEWIS HAMILTON

De l’épopée de la mythique Dion-Bouthon, (certainement la première voiture à fouler le sol crestois) aux Grands prix de Formule 1, en passant par l’histoire des rallyes raid, rien ne manque dans le passionnant ouvrage d’Aurélien Charle. « Ce qui m’intéresse, plus que les voitures, ce sont les hommes qui ont fait leur histoire. » Et aussi les femmes, à l’image de la pilote belge Gilberte Thirion, qui a remporté en 1956 le premier tour de Corse de rallye.

Son livre est rempli de pépites insoupçonnées des profanes. Où l’on apprend que le premier rallye-raid organisé en 1907 n’était point un Paris-Dakar, mais un Paris-Pékin qui a duré soixante-deux jours. Ou que le karting est une discipline récente, inventée dans les années 1950 avec un moteur de tondeuse… Notre chroniqueur n’a rien oublié, et l’aventure a été longue mais belle pour écrire ce livre, le troisième qu’il consacre à sa passion des vieilles bagnoles.

Une passion qu’il ne pratique pas qu’en esthète, mais vit pleinement dès qu’il en a l’occasion. Ainsi l’été dernier, Aurélien est parti à bord de sa Citroën Visa Club (année 1983, couleur blanc Meije) en road trip avec des copains visiter les Balkans pendant trois mois. Ils ont parcouru la Serbie, la Croatie… Sa fière Visa, jantes qui brillent et moteur au top, a tenu le choc comme une grande. Elle y a gagné de nouveaux autocollants sur sa vitre arrière, aux côtés du brushing impeccable de Brigitte Morisan d’Europe 1. La grande classe.

La Visa va bientôt reprendre du service, pour grimper les montagnes direction la Suisse où notre fan de bagnoles va poser ses valises un moment. Que les inconditionnels de carbu’ se rassurent : Aurélien reviendra les éclairer de son savoir automobile de temps en temps.

Sa plume n’est pas près de prendre des vacances en tout cas, car cet auteur prolifique a déjà son prochain projet de livre planqué quelque part (dans le coffre de sa Citroën ?). « Je ne peux pas trop en parler, mais oui j’ai une idée de prochain bouquin pour célébrer l’anniversaire d’une voiture très populaire en 2025. Les vrais passionnés sauront de qui je parle. » Avis aux amateurs de devinettes : envoyer les réponses au Crestois, qui fera suivre à l’intéressé.

Blandine Flipo

Article publié dans Le Crestois du 10 novembre 2023