Les libellules et demoiselles de la Drôme réunies dans un livre

Jean-Michel Faton, ex-conservateur des Ramières, signe un atlas complet sur les odonates du département.

Les libellules et demoiselles du département n’auront plus de secrets pour vous. Dans un ouvrage dense, et richement illustré, l’association Sympetrum vient d’éditer un inventaire complet des soixante-dix espèces présentes sur le sol drômois, ou plutôt dans les airs et les cours d’eaux fréquentés par ces élégantes créatures.

Cet inventaire inédit, qui s’accompagne de la description de leurs lieux de vie et les sites remarquables pour les admirer, est le fruit d’un travail long et patient de Jean-Michel Faton, président de l’association Sympetrum, ancien conservateur de la gare des Ramières où il a pu pendant longtemps donner cours à sa passion.

Mais ce spécialiste des libellules ne pouvait être évidemment le seul auteur d’une telle bible, soutenue financièrement par Sympetrum donc, mais aussi le Département, la Compagnie nationale du Rhône (CNR) et quatre bureaux d’étude drômois. Jean-Michel Faton précise : « 921 personnes ont apporté leur concours à cet ouvrage, grâce à leurs observations. » Des observations rendues d’autant plus faciles grâce, explique-t-il, à la science participative : « Les gens ont pu saisir leurs données en ligne grâce à un site qui s’appelle faune-drome. C’est le plus gros site de sciences participatives qui existe dans la Drôme. » Géré par la ligue de protection des oiseaux (LPO), ce site permet de collecter des données ensuite traitées par les scientifiques du Museum national d’histoire naturelle. Cette prise en compte des données du public permet de plus en plus aux scientifiques de mener des inventaires plus précis des espèces animales et végétales.

livre Faton libellules 2

STARS DES PHOTOGRAPHES

Jean-Michel Faton s’en réjouit : « Les libellules sont des animaux de proximité, et de bords de rivière. Tous les gens qui vont au bord de la Drôme ont l’habitude de les voir, et elles sont faciles à admirer et à photographier. On peut dire que la photo numérique a boosté l’étude des libellules ».

Le résultat est d’autant plus bluffant. Il ne manque ainsi pas une espèce dans l’atlas de la Drôme, qui compte parmi les départements métropolitains les plus riches en libellules. À titre de comparaison, la Drôme abrite autant d’espèces d’odonates que la région Bretagne et la Vendée réunies...

Cette riche biodiversité n’empêche pas les menaces sur ces espèces en Drôme, en raison de la multiplicité des épisodes de sécheresse dûs au réchauffement climatique, ainsi que les conflits d’usage sur l’eau. Ainsi des espèces montagnardes, comme le sympétrum jaune d’or (Sympetrum Flaveolum) ont tendance à disparaître faute de mares de montagne en nombre suffisant, particulièrement sur le plateau d’Ambel où elles étaient jadis les plus nombreuses. « Cela nous préoccupe beaucoup, reconnaît Jean-Michel Faton. Nous sommes en discussion avec le Département pour qu’ils veillent à ce que les éleveurs ne laissent pas leurs vaches rentrer dans ces mares pour boire, les détruisant ainsi, alors que des abreuvoirs sont installés à cet effet. »

Pour sauver les libellules, il suffit donc de mesures simples. Comme la création de mares, également, sous condition que précise la loi sur l’eau pour la protection des cours d’eaux. Car comment ne pas s’émerveiller à la lecture de ce livre, devant la beauté rouge vif, bleu, vert, mordoré, de ces petits prédateurs magnifiques ? De quoi donner envie à Noël de devenir soi-même un chasseur de libellules, sans filet, mais avec un appareil photo.

Blandine Flipo

Article publié dans Le Crestois du 24 novembre 2023

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